Les mains sur les yeux, les mains sur la bouche : un 8 mai au temps de Sarkozy

C’est une photo qui pourrait symboliser la dernière année (enfin, on espère) de Nicolas Sarkozy à l’Elysée : ce dimanche 8 mai, le chef de l’Etat faisait un discours à Port-Louis, en Bretagne, à l’occasion de l’anniversaire de la victoire de 1945 sur le nazisme, un régime, rappelons-le, qui a commencé par museler la liberté d’expression.

A un moment donné, pendant le blabla élyséen, un homme dans la foule n’en peut plus et crie, plusieurs fois : « votre politique est une insulte, c’est la mort de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ! » Sachant que les sorties publiques du chef de l’Etat se font généralement devant un parterre d’officiels, de militants UMP et de forces de l’ordre, d’où vient cette voix ?

Elle vient de la zone où se trouve les élus locaux invités. L’apostropheur est un conseiller municipal communiste de Lanester, il s’appelle, selon l’AFP, Vladimir Bizet-Sefani. Un communiste prénommé Vladimir, forcément déjà c’est suspect. La suite est révélatrice de la sérénité qui règne au sommet de l’Etat : une demi-douzaine de gros bras du service d’ordre se jettent sur l’élu et l’évacuent aussi sec. Il est menotté et embarqué à la gendarmerie. (voir son entretien vidéo sur le site du Télégramme de Brest).

La photo publiée sur le site du Monde en montre un peu plus : notre ami Vladimir a le visage dissimulé par des mains devant les yeux et d’autres sur la bouche. On ne voit pas si les oreilles sont masquées elles aussi, mais cette image évoque irrésistiblement les trois singes de la sagesse, lesquels ne voient rien, ne disent rien et n’entendent rien. C’était un 8 mai, et il était question de courage et de résistance face à l’oppression.