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Désobéir pour défendre la loi

« Ce retour à la désobéissance civique (celle des faucheurs volontaires de maïs OGM ou de déboulonneurs de panneaux publicitaires) est l’aveu d’une véritable crise de la démocratie », affirme Paul Ariès dans le numéro de rentrée de la Décroissance. Dans un article très fouillé, il commence par définir les notions de désobéissance civique, et donc d’obéissance. « La désobéissance est légitime (...) quand la loi privilégie les intérêts privés au détriment de l’intérêt général (...), chaque fois qu’il est nécessaire d’affronter l’Etat de non-droit pour rétablir la justice. » On peut donc interpréter les actes de désobéissance civique comme un appel à l’Etat pour qu’il applique sa propre légalité, ou qu’il réforme le droit pour plus de justice. Car, comme le souligne Paul Ariès, « l’incivisme d’Etat est le pire de tous car il sape l’Etat de droit ». Inutile de faire un dessin, on a tous compris à qui l’auteur fait allusion.

Cependant, plusieurs écueils sont à éviter : attention à ne pas en faire une affaire individuelle, il est dangereux d’opposer une quelconque morale à la politique ou à l’Etat. Attention aussi à ne pas tomber dans le piège des « minorités agissantes dont le grand défaut est de réduire la foule des citoyens à l’état de spectateurs ». L’objectif, selon Paul Ariès, est de faire réagir les gens, de susciter une réaction en chaîne. Et de proposer ainsi une grève générale de la consommation avec des revendications comme l’adoption d’un revenu universel inconditionnel et d’un revenu maximum d’activité. On en est loin, mais pourquoi ne pas en débattre ?