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Pourquoi est-il important de bloquer Sarkozy ? Un article de Jean Bricmont dans le Grand Soir

Professeur de physique théorique à l’université de Louvain (Belgique), Jean Bricmont est surtout connu en France pour ses articles dans le Monde diplomatique et les préfaces des livres de Noam Chomsky. Dans son article Pourquoi est-il important de bloquer Sarkozy ? publié le 28 avril sur le site Le Grand Soir, il tente de convaincre ceux qui se sentent « à gauche de la gauche » et qui hésitent à voter pour Ségolène Royal le 6 mai.

Les frontières entre les deux projets de société sont-elles si floues qu’il soit inutile de choisir ? Tout dépend des protagonistes, explique Jean Bricmont. « Il est probable que, si Gore avait été élu à la place de Bush en 2000, des centaines de milliers d’Irakiens seraient encore vivants, ce qui n’est pas un détail. » Et que serait-il advenu de la politique extérieure française si, en mars 2003, Sarkozy avait été à l’Elysée plutôt qu’à l’Intérieur ?

Nicolas Sarkozy est atypique dans le paysage politique français. Atypique et dangereux. Son vocabulaire, son influence sur les médias (encore flagrante entre les deux tours), ses références à des valeurs religieuses, son instabilité feraient peser sur le pays une menace permanente. De plus, il est soutenu par tout ce que le monde compte de réactionnaires, qui ne supportent pas l’« exception française » (laïcité, résistance à l’hégémonie américaine, volonté d’égalité) : « la victoire de Sarkozy sera vue comme la victoire de la France de la Restauration, de Versailles et de Vichy sur l’autre France, celle de la Révolution, de la Commune et de la Libération, que les bourgeoisies du monde entier détestent ».

Enfin, à ceux qui doutent sur la volonté progressiste de Ségolène Royal, Jean Bricmont répond que « le parti socialiste, comme les autres partis et comme d’ailleurs les parlements, est une « caisse d’enregistrement » qui réagit aux mouvements idéologiques et sociaux qui se passent en dehors de lui. » Autrement dit, une défaite de Sarkozy le 6 mai pourrait être amplifiée lors des législatives de juin et infléchir l’orientation social-démocrate de la candidate du PS.