France Inter, écoutez la divergence

Télérama n°2925 - 1er février 2006

C’est un peu l’histoire de la paille et de la poutre, une vieille histoire, donc. Début février, Télérama consacre un dossier (6 pages) et la Une à la question suivante : où va France Inter ? [1] La principale radio de service public est en effet de plus en plus critiquée par ses propres auditeurs, enfin, ceux qui l’écoutent encore : un million d’entre eux l’ont en effet abandonnée en dix ans.

Anne-Marie Gustave et Stéphane Jarno se sont donc penchés sur le problème, et le moins qu’on puisse dire, c’est que le résultat n’est pas convainquant. Faute de témoignages, tout d’abord (quelques anonymes se sont exprimés, pour ne pas dire grand chose). Quant aux deux principales « cibles » des auditeurs, Stéphane Paoli et Bernard Guetta, le premier s’est tout simplement défilé, et le second nous offre un florilège de syllogisme paranoïaque : « On ne croit plus aux médiateurs : journalistes, médecins, curés, professeurs. Si on ne croit plus aux médiateurs, on ne croit plus à la médiation, donc à la démocratie. C’est très grave ». Pas tant que ce genre de phrase, en tout cas.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le référendum du 29 mai 2005. On se souvient à quel point, Daniel Mermet et Rebecca Manzoni exceptés, l’antenne relayait sans vergogne les arguments du oui, comme la plupart des grands médias. Il est d’ailleurs savoureux de lire ce rappel sans concession dans Télérama, lequel, on s’en souvient, avait fait très fort lui aussi dans la pensée unique. Un éditorial signé Marc Jézégabel, le 13 avril, appelait ouvertement à voter oui. Face aux nombreuses protestations des lecteurs, le journal avait enfin consenti à ouvrir le débat... uniquement dans la rubrique Ça va mieux en le disant, c’est-à-dire le courrier des lecteurs.

On attend donc, sur France Inter, une émission consacrée à Télérama et à sa normalisation accélérée depuis son intégration au groupe Le Monde.

Notes

[1Le site de l’Acrimed vient de publier un article sur le même sujet, signé Yves Rebours