TF1 est content, les annonceurs un peu moins. Parvenus en demi-finale de la coupe du monde, les Bleus vont aider la chaîne privée à amortir les sommes investies dans les droits de retransmission (100 millions d’euros). Ce ne sera sans doute pas suffisant, mais la recette publicitaire, estimée à 73 millions d’euros avant la coupe du monde, pourrait gonfler au rythme du parcours des Bleus.
Le 27 juin, à la mi-temps de France-Espagne, les trente secondes se négociaient sur TF1 à 150 000 euros hors taxe (source : site TF1). A peu de chose près, c’est ce que touche Thierry Henry à Arsenal. Par semaine.
La coupure publicitaire de la mi-temps est découpée en cinq parties. La première, qui dure 35 secondes, arrive juste après le générique de la coupe du monde. Elle est consacrée à quatre partenaires de l’équipe de France et de TF1 : un constructeur de voitures japonaises, un opérateur téléphonique, une banque et un service de renseignements téléphoniques. La deuxième partie dure cinq minutes et enfourne quatorze messages. La troisième, intercalée, est un clip de la FFF qui fait la promotion de l’arbitrage. Puis on s’engouffre dans un minitunnel de 1 minute et trois clips. Nouvel intercalage avec la promotion d’une émission de Nicolas Hulot qui est aussi une marque commerciale (le hasard, sans doute). Et c’est reparti pour un deuxième tunnel de 5 minutes 10 secondes de 11 clips. On finit par les quatre sponsors du début.
Sur les 37 messages publicitaires, la voiture prend toute sa place (11 clips), que ce soit pour des constructeurs (7), des équipementiers (3) ou un pétrolier. La téléphonie (7 clips) est également bien représentée avec les renseignements (3), les opérateurs (3) et les fournisseurs d’accès (1). Le secteur de la banque et de l’assurance, où la concurrence est féroce, n’est pas en reste, avec six clips. Les produits de beauté regroupent 4 clips, dont deux gels fixateurs, un rasoir et un shampoing antipelliculaire qui promet le début de la liberté.
Le portrait robot du spectateur du match de foot tel que le dessinent les clips publicitaires, c’est donc un homme qui aime changer de voiture, qui a besoin d’une assurance qui assure, qui cherche un bon rasoir, dont le téléphone portable lui permet de suivre les matches de foot au resto caché dans les toilettes des hommes (qui c’est qui a la plus grosse ?) et qui passerait bien ses vacances en Egypte.
Il a deux fils : l’aîné alterne fixateur pour sculpter ses cheveux et antipelliculaire et va trouver du travail grâce à une boîte d’intérim qui se fait fort de le réveiller de bon matin. Le cadet, qui n’a pas encore l’âge du collège, mate les jambes des femmes qui conduisent des cabriolets depuis la fenêtre du bus.
Quant à la mère de ses enfants, elle est sans doute à la cuisine, occupée à débarrasser la table et à charger le lave-vaisselle. « Moins de bruit, chérie, on n’entend plus Gilardi ! »