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Ligue 1, Football 0

En ce début de saison, la presse sportive (c’est-à-dire l’Equipe) salue le retour du spectacle en Ligue 1. Si le nombre de buts marqués est effectivement en hausse par rapport à la disette de l’an dernier, il est difficile de prétendre que tout a changé dans le paysage : Lyon est toujours premier, le PSG et Monaco toujours à la ramasse, Lille à l’affût et Nantes en crise. Prise entre l’enclume d’une élite homogène et sans génie et le marteau des exigences de Canal +, qui a investi 600 millions d’euros par an de droits télévisés, la Ligue 1 est en crise.

C’est pourquoi le président de la ligue, Frédéric Thiriez (qui répond aux questions de Thibault Lécuyer dans ce même numéro) a sorti de son chapeau le challenge de l’offensive. C’est peu dire qu’il ne déclenche pas l’enthousiasme dans la rédaction des Cahiers. Eugène Santa l’exécute en un tour de main : « la cagnotte est de 16,5 millions d’euros, dont 2,4 qui reviendront à l’OL, futur vainqueur ». Autrement dit, les gros clubs, ceux qui seront les mieux classés, seront également récompensés par ledit challenge. « De plus, ce barème n’établit pas de distinction entre un sinistre 0-0 et un 3-3 échevelé (ni d’ailleurs entre un 0-0 échevelé et un 3-3 sinistre). Les systèmes de ce genre comportent en effet des biais qui les rendent contradictoires avec les objectifs poursuivis ». Ainsi, une équipe qui attaque et qui prend des risques pourrait marquer moins de points qu’une autre qui joue le contre, puisque c’est moins le nombre de buts marqués que le nombre de buts d’écarts à la fin du match.

Enfin, la disparition quasi-complète de tout suspens avec la domination à outrance de Lyon nuit considérablement à l’intérêt d’un championnat naguère réputé comme le plus ouvert du continent. Le pire, c’est que jusqu’à présent, cette domination n’a pas permis aux Lyonnais de s’affirmer au niveau européen, puisqu’ils calent régulièrement en quarts de finale. En attendant, ils empochent des sommes colossales, tant par la L1 que par la Ligue des champions. Après tout, pour le bon président Aulas, c’est bien là l’essentiel.