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Onfray vu de près

Dans son édition de mars, La décroissance devenu mensuel remet « le croisé de l’athéisme » Michel Onfray à sa juste place : celui d’un rebelle à deux balles qui se dit antilibéral mais pas anticapitaliste et pourfend les opposants aux OGM et au nucléaire. C’est dire si avec lui, le système productiviste est menacé.

Avec la clarté qui caractérise ses écrits, Paul Ariès détaille ce que cache la façade médiatico-philosophique de Michel Onfray. On sait que l’auteur du Traité d’athéologie ne se prend pas pour n’importe qui, raison de plus pour comprendre quelles sont ses valeurs. Et le tableau n’est pas reluisant. « Fou de vitesse, hédoniste, matérialiste, Michel Onfray est l’exact contraire philosophique de la décroissance. Le pape de l’athéisme se veut un rebelle, mais vue de près, sa philosophie a un goût de productivisme connu. »

Et comment. Comme la plupart des rebelles autoproclamés ayant la faveur des médias, Onfray se fait arbitre des élégances. Les faucheurs de maïs transgéniques ? Les opposants au nucléaire ? Des abrutis qui ne comprennent rien à la modernité et qui ont pour les OGM ou l’atome les mêmes peurs qu’autrefois pour le train ou l’électricité. D’ailleurs, c’est bien connu, l’énergie nucléaire n’a jamais causé un seul mort. Si c’est Onfray qui le dit...

Fanatique de la technoscience à un point aussi inquiétant que Claude Allègre, il n’en a que pour le clonage, les manipulations génétiques au motif bien connu qu’on n’arrête pas le progrès, le progrès scientifique, bien entendu.

Rayon politique, ce n’est pas beaucoup plus clair : le philosophe se dit antilibéral (mais même Chirac le dit) sans être anticapitalisme, attention au grand écart facial. « Car le capitalisme, c’est la possibilité de créer des richesses avec des gens qui possèdent, qui investissent... alors je ne vois pas d’alternative à ça. » Quel rebelle, n’est-ce pas ?

D’ailleurs, ne précise-t-il pas qu’« il y a dans cet éloge que je fais de la grande individualité un aspect despotisme éclairé qui n’est pas antagonique avec le fait d’être de gauche » ?

Allez, il y a pire que Michel Onfray. C’est Jacques Attali, qui parsème sa Brève histoire de l’avenir d’énormités et de délires futuristes qui donnent la mesure des conseils qu’il pouvait prodiguer à François Mitterrand. L’article que lui consacre Vincent Cheynet dans sa rubrique L’écotartufe du mois en donne un aperçu.