Angela Morelli, et toute cette eau que nous mangeons

, par Bruno

La designer milanaise Angela Morelli a créé une somptueuse animation web, à la fois très simple et très sophistiquée, pour mettre en évidence d’où viennent les 3500 litres d’eau que nous mangeons. Chaque jour.

Il vous est sûrement déjà arrivé de traquer impitoyablement un robinet de lavabo qui fuit ou une chasse d’eau qui goutte. D’abord parce que c’est prodigieusement énervant, ensuite parce que ça coûte cher. Et pourtant. Ce n’est que, passez-moi l’expression, une goutte d’eau dans l’océean de flotte que nous consommons chaque jour. Enfin, pas moi, vous surtout.

Pour mettre tout ça en évidence, la designer milanaise Angela Morelli s’est mise sérieusement au travail. Et le résultat, incroyable de simplicité, d’élégance et d’efficacité, vous l’avez sur son site Virtual Water ici [1]. C’est un modèle du genre dans ce qu’on appelle le datajournalisme (ou journalisme de données, si vous préférez). Autrement dit, pourquoi faire sec et moche quand on peut faire beau ?

Dans Virtual Water, il y a deux choses bien distinctes, mais agencées de telle sorte qu’elles se complètent et se renforcent mutuellement. Le fond tout d’abord, à savoir une minutieuse collecte d’informations sur la quantité d’eau cachée dans ce que nous consommons. La viande de bœuf par exemple : saviez-vous qu’il faut 15 400 litres d’eau, soit quinze mètres cubes et demi, pour produire un kilo de viande de bœuf qui va nourrir, allez, six ou sept personnes ?

Dit comme ça, c’est déjà énorme. Mais c’est là qu’intervient la mise en forme. Come tout bon infographiste, Angela Morelli met littéralement en scène ses informations, elle les distille, les confronte, les compare, les quantifie. Ainsi, ces 15 400 litres d’eau sont empilées en un gigantesque mur de huit mètres de long et de quarante mètres de haut. Tout ça, on le rappelle, pour un kilo de barbaque.

Le plus fort, c’est que cette mise en forme spectaculaire déroule de façon tout à fait fluide, c’est la moindre des choses quand on parle d’eau. Il suffit juste de faire défiler de haut en bas une très longue et unique page bourrée d’effets (du html5, du css3, du défilement en parallaxe et autres joyeusetés. Mais comme tout bon trucage de cinéma, rien n’est perceptible, tout est évident, naturel.

Seul petit bémol, mais vraiment anecdotique : la conclusion de tout ça, c’est que pour réduire notre consommation d’eau, il faut manger moins de viande. Moins combien ? One meat-free-day a week ! nous dit Angela (son travail est en anglais, mais c’est très simple à comprendre). Un jour par semaine sans viande, c’est vraiment petit joueur. Un jour de viande par semaine serait déjà plus responsable. Impossible, dites-vous ? Certainement pas. C’est excellent pour la santé, c’est économique, et vous apprécierez d’autant plus une viande d’excellente qualité (bio et locale) que vous en mangerez moins souvent. Allez, bon appétit quand même !

P.-S.

Voir une conférence donnée à Oslo en juin 2011 :

Notes

[1Merci à la rubrique Les datas en forme du site Owni