Pourquoi ils ne seront pas champions du monde (3) : l’Allemagne

La série à suspens (et à statistiques en bois) continue pendant les fêtes : après l’Espagne et l’Argentine, voilà pourquoi l’Allemagne reviendra bredouille d’Afrique du Sud.

L’Allemagne gagne souvent la coupe du monde. Trois fois, très précisément. Elle passe aussi souvent tout près, en étant battue en finale : quatre fois en tout. Or, si on regarde de près l’histoire de la Mannschaft, une chose saute aux yeux : cette équipe n’aime pas voyager.

Absente de la première édition en 1930 (en Uruguay), l’Allemagne réussit une belle prestation en 1934 chez les voisins Italiens où elle se sentira toujours comme chez elle (victoire à l’Euro 80 et au Mondiale 90). En 1938, il n’y a que le Rhin à franchir (une formalité) pour participer à l’édition française. Mais la Suisse va les éliminer d’entrée avec un match d’appui (1-1, 4-2). En 1950, la sélection n’est pas en état de participer au Mondial brésilien, mais quatre ans plus tard, elle est bien présente en Suisse, où elle bat en finale une Hongrie largement supérieure dans des conditions toujours suspectes (dopage probable). En 1958, le déplacement est à peine plus long, en Suède, où la RFA s’incline en demi-finale contre le pays organisateur et laisse la troisième place à la France par un score de tennis (6-3). En 1962, les Allemands sont du long voyage au Chili où ils tombent en quarts de finale contre la Yougoslavie (0-1).

Arrive alors la coupe du monde 1966 qui se déroule en Angleterre. L’Angleterre est en Europe, mais c’est une île, et la mer du Nord est encore une fois trop large pour une Allemagne qui bat pourtant l’Uruguay en quarts et l’URSS en demi avant de retrouver l’Angleterre en finale. L’Allemagne ouvre le score, l’Angleterre revient puis prend l’avantage, l’Allemagne égalise à une minute de la fin. En prolongations, l’Angleterre marque deux fois, dont un but très litigieux, le ballon n’ayant sans doute pas franchi la ligne après avoir heurté la barre. Quatre ans plus tard, à Mexico, l’équipe emmenée par Beckenbauer et Müller prend sa revanche contre l’Angleterre (3-2 après prolongations), atteint la demi-finale et joue contre l’Italie le match du siècle : égalisation au bout du temps réglementaire (1-1), puis 2-1, 2-2, 2-3, 3-3 et 4-3 à la fin des prolongations pour l’Italie.

Vingt ans après son premier titre mondial, l’Allemagne, championne d’Europe en titre, organise sa coupe du monde. Malgré un début poussif (défaite contre la RDA), la RFA atteint la finale où on lui promet une raclée contre les Pays-Bas. Péché d’orgueil : menés 0-1 dès la première minutes, les Allemands reviennent, prennent l’avantage et ne lâchent plus rien, à l’image de Berti Vogts collé au short de Johann Cruyff. Mais quand il s’agit d’aller défendre son titre en Argentine, il n’y a plus personne : battus par l’Autriche au second tour, les Allemands cèdent sans convaincre.

En 1982 (en Espagne) et en 1986 (au Mexique), ils passent deux fois sur le corps d’une équipe de France meilleure qu’eux en demi-finale, mais coincent deux fois en finale contre l’Italie (1-3) et l’Argentine (2-3), victimes d’une défense défaillante. La troisième fois sera la bonne, en Italie encore, où ils prennent en 1990 leur revanche contre une Argentine très décevante.

Que ce soit aux Etats-Unis en 1994 ou chez les voisins français en 1998, l’Allemagne échouera ensuite deux fois en quarts de finale contre deux équipes étonnantes, la Bulgarie (1-2) et la Croatie (0-3). En 2002, personne ne voit l’Allemagne aller bien loin, et pourtant, forts d’un parcours facile (Etats-Unis en quart, Corée du Sud en demi), les coéquipiers de Ballack vont en finale où ils s’inclinent face au Brésil dans une finale inédite. On attend beaucoup de la sélection de Jürgen Klinsmann en 2006 puisque la coupe du monde se joue en Allemagne, mais c’est compter sans l’Italie qui prend sa revanche de 1990, sort les locaux en prolongation lors des demi-finales avant de battre la France.

Bilan final pour l’Allemagne : seize participations à une phase finale (dix en Europe), sept finales jouées (cinq en Europe) dont trois gagnées (toutes en Europe). Autant de présages a priori défavorables pour une quatrième victoire à Johannesbourg en juillet prochain.