C’est parti. Les 225 pages de la version finale de Zéro neuf sont imprimées, reliées, mises sous enveloppe et postées. Alea jacta est, comme dirait l’autre.
Envoyer un manuscrit est toujours une impression étrange. Dépossession et travail accompli. Soulagement et inquiétude. Mais c’est le moyen le plus efficace que je connaisse pour mettre un point final à une histoire. Quoique celle-ci continue parfois à vivre bien après le dernier mot. Ainsi, la version 3 de 12 juillet envoyée aux éditeurs à l’été 2003 n’était pas la dernière : je l’ai retouchée avant sa publication en ligne sur le site des Cahiers du football en octobre 2005.
Bien sûr, au quatrième manuscrit, l’excitation est moindre qu’au premier. Ce n’est pas encore une routine, mais ce n’est déjà plus un territoire inconnu. Et puis, il y a toujours le plaisir de recevoir ces lettres-types de refus poli. Car presque tous les éditeurs répondent, dans un délai qui va d’un à quatre mois, mais bien peu se donnent la peine d’une réponse un tant soi peu personnalisée. C’est la règle.
Alors, pendant ces semaines où j’essaie de ne pas trop penser à la boîte aux lettres, je m’occupe comme je peux : je travaille au manuscrit suivant, je traîne dans les librairies en maudissant toutes ces inepties tirées à trente mille exemplaires et en enviant mes auteurs préférés. En rêvant bien sûr, un jour, d’être de l’autre côté.