Meilleur film français, meilleure actrice (Marina Hands), meilleure adaptation, meilleure photo et meilleurs costumes : avec cinq Césars, Lady Chatterley est le grand vainqueur de l’édition 2007 de la grand messe du cinéma hexagonal. Un juste retour des choses pour un film salué par la critique mais boudé par le public (moins de 200 000 entrées) et par les distributeurs, puisque sa carrière en salles a été particulière ment brève.
En octobre dernier, le festival d’automne de Gardanne avait programmé Lady Chatterley en avant-première, l’occasion d’échanger quelques minutes après le film avec Pascale Ferran et Marina Hands. Voici ce qui avait été dit.
Un rapport au présent
« C’est un film de jardinier », avait commencé Pascale Ferran. « J’avais envie de filmer la nature. Mais c’est aussi une histoire d’amour. Un homme et une femme qui se transforment l’un et l’autre comme la nature se transforme. L’innocence est de plus en plus rare aujourd’hui, au cinéma. C’est une histoire tellement simple entre deux solitudes qui se font du bien. Je voulais raconter cette histoire naturellement et minutieusement, en étant au plus près. Par moments, il suffirait d’un rien pour que tout s’arrête. La différence sociale fait que leur relation est impensable. Ils sont dans un rapport au présent tout le temps. Quand on enlève l’avenir, qu’est-ce qu’il reste ? Capter l’instant. »
Une adaptation libre
Car l’histoire de DH Lawrence, que Pascale Ferran, assistée de Roger Bohbot et Pierre Trividic a bien entendu adaptée, est tout autre chose qu’une histoire d’amour un peu leste et hors normes : « Le roman de Lawrence a été écrit dans une pulsion d’énergie vitale. Il faut savoir qu’il réécrivait entièrement les différentes versions de Lady Chatterley. Je me suis sentie libre en l’adaptant, et il en reste quelque chose. » C’est la deuxième des trois versions que Pascale Ferran a choisi d’adapter. « C’est la plus moderne, même si la troisième est la plus connue et a été interdite pendant trente ans en Grande-Bretagne. La deuxième est la plus frontale, la plus centrée sur l’expérience. »
L’importance du son
Réagissant au témoignage d’un spectateur qui soulignait l’importance capitale du son, Pascale Ferran constatait « qu’il est rare que le public se rende compte du travail inouï sur le son dans ce film ». Il faut croire que les votants des Césars n’ont pas fait mieux, puisque Jean-Jacques Ferran, Nicolas Moreau et Jean-Pierre Laforce n’ont pas été récompensés.
Le choix de Marina Hands
« Le choix des acteurs était un enjeu crucial. J’avais une liberté de casting complète, et je voulais des inconnus pour les rôles principaux. J’avais vu Marina au cinéma et au théâtre [1] Elle avait un intérêt profond pour l’histoire. Les miracles sont rares dans la vie. »
Pour Marina Hands, « Lady Chatterley était le film que je rêvais de voir. C’est un cadeau pour moi. J’ai travaillé le plus que j’ai pu pour lui rendre ce cadeau. La spontanéité ? C’est une drôle de notion dans le jeu. Les scènes d’amour sont très écrites, sinon on n’y serait pas arrivés. Il a fallu beaucoup de répétitions pour éliminer l’inhibition. »