L’avenir de la presse en ligne passe-t-il par le papier ?

Alors que Rue 89 va lancer en juin un mensuel, comme l’a fait avant lui Bakchich (hebdo) ou dans une autre mesure, Mediapart (trimestriel) et qu’Arrêt sur Images vend des articles à Marianne, l’avenir des médias en ligne passerait-il sur ce bon vieux papier ? Arrêt sur Images y a consacré une longue émission.

La presse papier va mal, c’est un fait. Baisse des ventes, évaporation du lectorat, diminution des ressources publicitaires, conformisme de l’actionnariat font peser sur les quotidiens et les magazines — et sur leurs salariés — une lourde menace. La faute à Internet ? Depuis 1995 et le lancement du site du Monde, la presse en ligne a explosé au point de devenir, pour une fraction non négligeable de la population, la première source d’information.

Depuis quatre ans en France s’est développée un nouveau genre de presse, celle qui ne diffuse qu’en ligne une information de qualité professionnelle, avec des journaliste ayant pour la plupart fait leurs preuves sur des supports papier : Bakchich.info (créé en mai 2006 à l’initiative de rédacteurs du Gri-gri international), Rue 89 (fondé en mai 2007 par des anciens de Libé), Médiapart (lancé en mars 2008 par des journalistes du Monde), et Arrêt sur Images (démarré en septembre 2007 à partir de l’équipe de l’émission télé). Les deux premiers sont en accès libre et financés par la publicité, les deux derniers proposent des formules d’abonnement au mois ou à l’année.

Pour son émission Ligne j@une, Guy Birenbaum a donc invité Jacques Rosselin, fondateur de l’hebdo Vendredi (actuellement arrêté), François Bonnet (Mediapart), Nicolas Beau (Bakchich), et Pierre Haski (Rue 89) pour tenter de répondre à cette étonnante question : les sites d’infos, retour vers le papier ? En effet, Mediapart a sorti un trimestriel, Bakchich un hebdomadaire, Rue 89 va lancer en juin un mensuel (Revue 89) et Arrêt sur Images vend des articles sur une double page de l’hebdomadaire Marianne. Dans tous les cas, la raison de ce retour à Gutemberg est simple : faire rentrer de l’argent. Tous plus ou moins en difficulté financière, ces pure players (diffuseurs de contenu uniquement en ligne) croient fermement que leur avenir passe par le bon vieux papier journal.

La situation est d’autant plus étonnante que, outre-Atlantique, certains journaux traditionnels font la démarche inverse : c’est ainsi le cas, cité par Jacques Rosselin, du Christian Science Monitor, un quotidien qui supprime son édition papier et qui publie une version hebdomadaire du contenu du site. En France, Libération envisagerait la même chose à terme : faire vivre une rédaction grâce à plusieurs supports et ne sortir une édition papier qu’une ou deux fois par semaine...

L’émission aborde ainsi, en toute transparence, les questions de budget, de nombre d’abonnés, de rentrée publicitaire, de l’actionnariat (parfois sujet à polémique, comme c’est le cas pour Bakchich avec Alexandre Djouhri), voire même de salaire des journalistes.

C’est aussi l’occasion aussi de réfléchir à la manière dont nous nous informons, quelle fiabilité nous accordons aux différents supports et quelle somme nous acceptons de payer pour une information de qualité et indépendante... Pour ma part, mes sources sont réparties entre le papier (Le Monde diplomatique, Le Canard enchaîné, la Décroissance, le Ravi) et le web (Le Grand Soir, Rue 89, Acrimed, Arrêt sur Images), et je paie un abonnement pour les quatre journaux et le dernier site (deux des quatre abonnements papier sont offerts par des amis ou la famille). Je ne regarde pas les informations télévisées, et j’écoute la radio (chaînes de Radio France), financée par la redevance.

Extrait de l’émission Ligne jaune sur le site Arrêt sur Images