5 mars 1944 : l’incroyable sabotage

, par Bruno

extrait du dossier Pechiney, cent ans après

Le résistant Jean Vial raconte comment dix-neuf autoclaves ont été soufflés sans faire de victimes, faisant chuter la production d’alumine jusqu’à la libération, cinq mois plus tard.

La guerre touche à sa fin et rentre dans sa période la plus violente. L’usine d’alumine de Gardanne produit pour le compte de l’occupant de l’alumine, du chlore et du magnésium. Pour éviter des bombardements aériens qui mettent en danger les populations civiles Londres décide de faire saboter l’usine d’alumine. Jean Vial, un des huit participants à l’opération, a raconté la nuit du 4 au 5 mars 1944 dans un livre paru peu après la Libération.
Le sabotage est préparé le 28 février au bar des Voyageurs à Aix-en-Provence. Là, un groupe de résistants venu de Manosque rencontre René Obadia, parachuté de Londres et qui va commander l’opération. Trente kilos d’explosifs sont fournis par le maquis des Basses-Alpes et transportés en train, de Manosque à Gardanne via Aix dans un sac tyrolien, au nez et à la barbe de la Gestapo et de la Milice. A trois heures du matin, les huit résistants entrent dans l’usine par la grande porte, armés jusqu’aux dents de revolvers, mitraillettes et grenades. Ils arrivent sans encombre jusqu’au grand bâtiment qui abrite vingt-trois autoclaves de 12 mètres de haut. “Nous avons beaucoup de mal à placer nos charges contre les parois des bacs dont le contenu est en pleine fusion. Le chaterton et le plastique fondent comme cire et cela constitue un grave danger. Par bonheur, plusieurs bacs ont à leur partie inférieure une collerette qui facilite notre tâche”.
C’est l’évacuation. Tous les ouvriers présents sur les lieux sont conduits à l’extérieur, deux résistants assurent la mise à feu. “Le travail a duré presque deux heures, l’explosion s’est produite à 4h30. L’un des plus beaux sabotages de France venait d’être réalisé.” Dix-neuf autoclaves sont détruits. L’usine fermera quatre jours, et sa production diminuera de deux-tiers jusqu’à la Libération. Le sabotage n’aura fait aucune victime.

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