Paul Héroult Né en 1863, Paul-Louis-
Toussaint Héroult se distingue
d’abord au billard et au lancer
d’éponge (sur des directeurs
d’école), puis se passionne à quinze
ans pour l’aluminium. En 1886,
il dépose un brevet pour un procédé
de préparation de l’aluminium
par électrolyse, celui-là
même qui est encore en usage
aujourd’hui. Convoqué à
Salindres par Alfred Rangod
Pechiney, il “exécute” imprudemment
son hôte au billard et se
fait gentiment mettre à la porte.
En 1892, il dirige les travaux
d’une nouvelle usine à La Praz,
qui allait recevoir l’alumine fabriquée
à Gardanne où il viendra souvent
entre 1894 et 1895, apportant
de sérieuses améliorations au procédé
Bayer. Désordonné et indiscipliné
au possible, c’était aussi
un inventeur de génie, digne de
Jules Verne : parmi ses projets, on
trouve un bateau marcheur actionné
par des moteurs électriques,
un hélicoptère, une fusée à réaction...
Après plusieurs années passées
aux Etats-Unis, il revint en
France pour y mourir juste avant
la guerre, le 9 mai 1914, sur son
yatch à Antibes. Il travaillait à son
dernier projet : un bateau spécialement
équipé pour fabriquer de
l’iode dans la mer des Sargasses.
Une rue de Gardanne porte son
nom.
Alfred Rangod Pechiney Né en 1833 à Paris, il perd très jeune son père, Antoine Rangod, et
prend quelques années plus tard le nom du second mari de sa mère,
Pechiney. Après des études dans des laboratoires de chimistes, il succède
en 1877 à Henry Merle, fondateur de la compagnie des produits chimiques
d’Alais et de la Camargue, installée à Salindres. Paternaliste et peu innovateur,
A.R. Pechiney se distingue par deux réflexions, l’une sur les retraites
ouvrières, “inopportunes parce qu’elles enlèveraient aux salariés le
sens des économies” et l’autre adressée à Paul Héroult, venu lui présenter
son brevet d’électrolyse de l’alumine (encore en usage aujourd’hui) :
“l’aluminium est un métal à débouchés restreints, il ne s’emploie qu’à faire
des tubes de lorgnettes.”
“Lou Padre”, comme il était surnommé à
Salindres (dont il est devenu le maire), cèdera sa place progressivement
au conseil d’administration de la société, avant de la quitter définitivement
en 1910 et de mourir à Hyères, le 18 janvier 1916, à 83 ans. C’est trentequatre
ans plus tard, en 1950, que sa société qui a entre-temps (en 1921)
fusionné avec celle de Paul Héroult prendra son nom.
Karl Joseph
Bayer Chimiste allemand employé
dans une usine russe, Karl-
Joseph Bayer construit et fait breveter
en 1887 un appareil pour la
fabrication de composés d’alumine
pure, basé sur l’attaque de la
bauxite par de la soude caustique
à haute température, qui va se révéler
plus efficace et plus économique
que l’ancienne méthode de
fabrication au carbonate de soude.
Le procédé Bayer, qui allait
s’imposer dans le monde entier au
cours du 20ème siècle, allait être
progresivement mis au point à partir
de 1894 à Gardanne, dans la toute
nouvelle usine construite un an
avant par la Société Française
d’Alumine Pure. Les années 1890
allaient être celles des tâtonnements,
après que Bayer lui-même,
en conflit avec Paul Héroult, n’ai
pu adapter son procédé à des
contraintes industrielles. La Société
d’Electro-Metallurgie Française,
détentrice du brevet, refuse de
lui payer l’intégralité de ses droits.
Ce sont les ingénieurs de l’usine
de Gardanne qui vont parvenir, à
partir de 1898, à rendre le procédé
efficace.