Clarika, son cœur qui bat

, par Bruno

De quoi faire battre mon cœur, le septième album de Clarika, est sorti le 12 février. La chanteuse vient de commencer sa tournée en s’arrêtant à Saint-Martin de Crau, en ouverture du festival Voix de femmes.

Son septième album a peine sorti (le 12 février), voici Clarika en tournée longue durée. La première étape, samedi 5 mars, aura été pour Saint-Martin de Crau, au pied des Alpilles, en ouverture du festival Voix de femmes dans la salle intimiste du Galet qu’elle connaît bien. On y était.

De quoi faire battre mon cœur est-il son album le plus réussi ? Difficile à dire dès maintenant, mais en tout cas il transforme un moment très difficile de sa vie (la rupture avec son compagnon Jean-Jacques Nyssen) en création à la fois grave et légère, où sous des titres à première écoute anodins se cachent les gouffres obscurs du désespoir amoureux. Dans Le Lutétia, elle évoque le suicide d’un couple d’octogénaires en 2013 :

T’en fais pas On finira pas notre histoire Comme celle de Georgette et Bernard Qui se sont dit au revoir Adieu pour la dernière fois Là Dans un lit du Lutétia

Il lui faut du courage quand même pour enchaîner Je ne te dirai pas, adressée à l’homme qu’elle a quitté, et le sublime Non ça s’peut pas, titre prophétique écrit il y a plus de dix ans et que beaucoup considèrent comme une des plus belles chansons d’amour du répertoire français. Elle y chantait

Ça s’peut pas qu’t’aies pas un jour Ça s’peut pas Pour une autre, les yeux d’l’amour Tu m’oublieras...

Et aujourd’hui :

Je n’te dirai pas l’absence Et cette moitié de moi Qui est morte et puis qui danse Autour d’un grand feu sans joie

Alors, oui, Clarika danse, et danse encore, et à défaut de joie, son feu est plus vivant que jamais. Superbement éclairée (comme toujours) dans un décor habillé d’un voile parsemé de plumes, elle se livre sans retenue, animée d’une rage froide quand elle reprend Bien mérité, brulôt antisarkozyste qui n’a rien perdu de son urgence, hélas. Elle frappe fort aussi avec ses deux titres phare de son dernier album, Je suis mille et La cible, dont le refrain (Il ne faut pas que mes mains tremblent) est de ceux qui entrent par une oreille et ne ressortent pas par l’autre avant longtemps. Et elle retravaille sans fin la mise en forme de ses tubes, des Garçons dans les vestiaires aux Patineurs en passant par le vibrant Lâche-moi.

Tout ça fait de Clarika, 49 ans dont 22 de carrière, une des plus grandes chanteuses françaises contemporaines. Mais qui le sait ? Ses chansons ne sont pas beaucoup diffusées, et malgré un accueil très chaleureux de son public en tournée, elle n’a pas encore franchi le palier qui la ferait enfin connaître au plus grand nombre. Et oui, ça serait bien mérité.