Sa voix ?
C’est une sorte de yoyo à l’envers,
qui monte avec une légèreté infinie,
comme une volute de fumée dans le ciel du matin.
Puis qui s’enroule brusquement
et disparaît au creux de la main.
Tantôt lame acérée, tantôt velours,
elle caresse et frappe
et frôle et gratte et vibre et glisse,
en scintillant objet du désir qui se dérobe
à l’instant de s’offrir.
Les mélodies, elle les souffle,
les dilate en bulle de savon
qu’elle éclate parfois, quand ça lui chante.
Elle les découpe, les hâche,
les éparpille et les recolle,
les transforme, les dépouille jusqu’à l’os
et les rhabille d’un soupir.
Elle les rend méconnaissables
et pourtant si familières,
comme un être cher perdu de vue
depuis tant d’années.