Une telle présence sur un écran, il faut peut-être remonter à James Dean ou à Marlon Brando pour en trouver l’équivalent. Nul ne sait si Ryan Gosing fera une carrière équivalente au second, en tout cas il a déjà vécu sept ans de plus que le premier. Drive n’est pas son premier film, loin de là, mais il devrait lui ouvrir les portes des plus grands, à commencer par Terrence Malick.
Le long métrage du Danois Nicolas Winding Refn, à qui l’on doit la trilogie Pusher et Bronson, des films peu recommandés aux enfants, semble tout d’abord choisir une voie alternative, le portrait d’un chauffeur mutique et surdoué qui évacue vite fait les auteurs de braquages. Cette partie-là, disons-le, est la plus réussie du film. Ryan Gosling est là, simplement, et son calme absolu, même dans les situations les plus risquées, est captivant.
Sa jeune voisine et son petit garçon n’y résistent pas. On se dit alors que le loup solitaire (et romantique) a enfin trouvé l’amour et va redevenir humain. Fausse piste : car la jeune femme a un compagnon qui va bientôt sortir de prison, emmenant avec lui une cohorte d’embrouilles en tout genre dont Tarantino ou Scorsese se sont fait une spécialité. Et nous voilà donc embarqués dans un territoire bien balisé, celui des vengeances entre gangs pour récupérer un sac plein de liasses de billets de banque.
Le Driver du début, qui se fait une règle de ne jamais être armé et de ne pas participer aux braquages, va donc se retrouver malgré lui pris dans un engrenage fatal dont son blouson argenté sera en quelque sorte le marqueur : immaculé au début, il finira éclaboussé de sang.
Le scénario est donc le point faible d’un film remarquablement mis en scène (son prix dans cette catégorie à Cannes est amplement mérité) et superbement interprété par Ryan Gosling et Carey Mulligan. Les plans de Los Angeles la nuit sont brillants, et le moindre parking souterrain prend des allures d’antichambres de l’enfer. Et ne parlons même pas des ascenseurs...
Il y a enfin les scènes de violence. Nicolas Winding Refn n’y va pas de main morte, à tel point que, comme dans les romans de James Ellroy, la frontière est poreuse entre ultraréalisme et complaisance. De ce point de vue, Drive n’apporte rien de nouveau, hélas.
Drive sur Comme Au Cinema