On pourrait donner une définition géométrique des deux saisons de Top of the Lake : en abscisses, il est question des rapports hommes/femmes dans un contexte d’effondrement (violent) du patriarcat. En ordonnées, place à la généalogie et à la recherche littéralement vitale de paternité et de maternité. Et à l’intersection, on trouve l’extraordinaire personnage de Robin Griffin, interprété par Elizabeth Moss.
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Jane Campion a choisi pour cadre de la première saison (sortie en 2013) le lac néo-zélandais Wakatipu, dont le rôle dépasse largement celui de décor de carte postale. Il fascine et inquiète tout à la fois, comme la plupart des personnages qui s’avèrent au fil des six épisodes bien plus complexes qu’au premier abord : Matt, le patriarche trafiquant de drogue et père de Tui (12 ans, enceinte de 5 mois et en fuite) ferait un parfait salaud, mais... Al, le chef de la police locale (qui compte une belle collection d’abrutis), est moins pressé d’enquêter que de séduire Robin. Johnno, l’un des fils de Matt et amant de Robin, semble le seul homme de la série à avoir les idées claires, mais un (gros) doute subsiste sur son statut de témoin le soir où Robin a été violée alors qu’elle avait seize ans.
Ajoutez à ça l’installation, au bord du lac, d’une communauté de femmes battues sous l’autorité de GJ (Holly Hunter, en double de Jane Campion), et le tableau est à peu près complet. A Laketop, communauté archaïque aux allures de Far West, la guerre est déclarée. Les femmes cessent d’avoir peur et de se taire, et l’édifice précaire du patriarcat déclinant s’effondre avec fracas (et coups de feu).