Top of the Lake

Une série de Jane Campion avec Elizabeth Moss, Peter Mullan, Holly Hunter et Nicole Kidman (2013-2017)

Quand les femmes cessent de se taire et rendent coup pour coup, dans une histoire écrite et réalisée par une grande cinéaste, ça donne une série haut de gamme, même si la saison 2 n’a pas tenu toutes ses promesses.

On pourrait donner une définition géométrique des deux saisons de Top of the Lake : en abscisses, il est question des rapports hommes/femmes dans un contexte d’effondrement (violent) du patriarcat. En ordonnées, place à la généalogie et à la recherche littéralement vitale de paternité et de maternité. Et à l’intersection, on trouve l’extraordinaire personnage de Robin Griffin, interprété par Elizabeth Moss.

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Jane Campion a choisi pour cadre de la première saison (sortie en 2013) le lac néo-zélandais Wakatipu, dont le rôle dépasse largement celui de décor de carte postale. Il fascine et inquiète tout à la fois, comme la plupart des personnages qui s’avèrent au fil des six épisodes bien plus complexes qu’au premier abord : Matt, le patriarche trafiquant de drogue et père de Tui (12 ans, enceinte de 5 mois et en fuite) ferait un parfait salaud, mais... Al, le chef de la police locale (qui compte une belle collection d’abrutis), est moins pressé d’enquêter que de séduire Robin. Johnno, l’un des fils de Matt et amant de Robin, semble le seul homme de la série à avoir les idées claires, mais un (gros) doute subsiste sur son statut de témoin le soir où Robin a été violée alors qu’elle avait seize ans.

Ajoutez à ça l’installation, au bord du lac, d’une communauté de femmes battues sous l’autorité de GJ (Holly Hunter, en double de Jane Campion), et le tableau est à peu près complet. A Laketop, communauté archaïque aux allures de Far West, la guerre est déclarée. Les femmes cessent d’avoir peur et de se taire, et l’édifice précaire du patriarcat déclinant s’effondre avec fracas (et coups de feu).


 

Des réminiscences qui remontent à la surface

L’ampleur de la mise en scène (Jane Campion, quand même) et la richesse du scénario font de cette saison 1 une merveille. La saison 2, sortie quatre ans après (en 2017), a beaucoup déçu la plupart des critiques. Pourtant, après l’avoir visionnée dans la continuité de la première, l’impression n’est pas si négative.

Le premier épisode est parfaitement dépaysant : tous les personnages sont différents hormis bien sûr Robin Griffin, revenue à Sydney cinq ans plus tard. Le cadre est radicalement différent, mais petit à petit remontent des réminiscences : l’eau du Pacifique rappelle celle du lac, le poste de police vaut bien celui de Laketop et les hommes en général sont toujours aussi nuls.

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Mais ce n’est pas la même histoire : Robin retrouve sa fille Mary qui lui a été retirée à sa naissance et sur laquelle planent des menaces dont elle n’a pas conscience, aveuglée par l’amour qu’elle porte à un quadragénaire cynique et manipulateur.

Jane Campion flanque aussi son inspectrice d’une acolyte pour le moins encombrante, Miranda, aux mensurations dissuasives (jouée par Gwendoline Christie, vue dans Game of Thrones et les derniers Star Wars). Et invite Nicole Kidman pour un rôle de mère adoptive en pleine crise existentielle.

L’ambiance urbaine banale enlève une grande partie de ce qui faisait l’inquiétante beauté de la saison 1 et la mise en scène, beaucoup plus plate, déçoit. Le scénario, quant à lui, pousse les limites de la vraisemblance un peu loin mais laisse de nombreuses questions ouvertes, comme l’avait fait celui de la saison 1. Ce qui ne veut pas dire qu’une troisième partie est envisageable. Pour l’instant, rien de tel n’est annoncé.