The Expanse, saison 2

, par Bruno

La première saison adaptée du roman de James Corey par la chaîne SyFy était prometteuse. La deuxième est encore meilleure. Une troisième est en préparation pour 2018.

The Expanse continue de s’étendre. Sur le papier d’abord, puisqu’aux trois tomes publiés en France par Actes Sud (le quatrième, Cibola Burn, est annoncé pour le mois de juin) s’ajoutent trois autres déjà sortis aux Etats-Unis et trois encore jusqu’en 2019. A l’écran ensuite, avec le lancement par la chaîne SyFy d’une série télévisée en 2015. La première saison a été diffusée sur Netflix fn 2016. La deuxième vient de se terminer, et une troisième est en préparation pour 2018.

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L’univers romanesque de James Corey (le pseudonyme de Daniel Abraham et Ty Frank) est si riche qu’il se prête parfaitement à cette expansion narrative. Les scénariste de la série, Mark Fergus et Hawk Otsby ont ainsi pris quelques libertés avec le roman, mais c’est toujours au service du récit. Ainsi, la liaison entre James Holden et Naomi Nagata s’efface au profit du duo de dirigeants terriens Chrisjen Avasarala/Adavir Errinwright, politiciens chevronnés qui tentent de tirer les ficelles à distance et d’éviter la guerre entre Mars, la Terre et la Ceinture d’astéroïdes.

Rendez-vous sur Ganymède

La saison 2 est moins centrée que la précédente sur la question de la rareté des ressources (eau, minerais) et plus sur l’apparition d’une entité extraterrestre indéterminée mais potentiellement destructrice, la protomolécule. Chacun des protagonistes (Terriens, Martiens et Ceinturiens) suppose que c’est une arme mise au point par l’un des autres. Le croisement des trois thèmes (ressources, conflit, protomolécules) va se jouer sur Ganymède, satellite de Jupiter et grenier des planètes extérieures.

Ce n’est pourtant pas tant dans les scènes de combat à l’intérieur des vaisseaux ou dans le vide sidéral que The Expanse surprend et émerveille. Le plus touchant, et d’une certaine façon le plus dérangeant, on le trouve dans les passages sur Terre. Et en particulier quand les émissaires de Mars y arrivent pour parlementer avec les dirigeants des Nations Unies. Bobbie Draper, sergent des Marines de Mars, met le pied sur Terre pour la première fois de sa vie et le choc est violent. La pesanteur terrestre, la luminosité du jour, les cris des goélands, les rafales de vent et l’horizon immense de l’océan : tout ce qui nous paraît banal est source d’étonnement pour un humain né sur une autre planète.

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Expansion du féminisme

Bobbie Draper est une femme, formée au combat (mieux vaut ne pas se mesurer à elle au corps à corps) et portée par une colère dévastatrice après avoir vu son unité décimée à la surface de Ganymède par quelque chose d’inconnu. Avec Chrisjen Avasarala et Naomi Nagata, la série tient-là un trio essentiel, incarné d’excellentes actrices au point qu’elles éclipsent régulièrement les personnages masculins qui leur font face. Il semblerait donc que dans deux siècles, la société patriarcale sera de l’histoire ancienne.

The Expanse est ainsi bien plus qu’un space opera de plus ou, comme ça a été dit, une sorte de Game of Thrones en apesanteur. C’est surtout une histoire nostalgique sur un Eden disparu, victime de la cupidité et de l’esprit de conquête des hommes. The Expanse, c’est ce qui sort de la boîte de Pandore alors qu’il est impossible de la refermer. Il est infiniment triste de penser que nous l’avons déjà ouverte, et que le compte à rebours a déjà commencé.