MAGDALENA, 14 ANS, VIERGE ET ENCEINTE
Au début, il y a cette débauche de kitsch qui fait craindre le pire : il s’agit d’une quinceanera, une cérémonie latino à l’occasion des quinze ans d’une jeune fille. Robes extravagantes, limousine grosse comme une boîte de nuit et costards de sortie, rires moqueurs entre adolescentes et bagarre tardive avec un cousin macho, Carlos, refoulé de la fête sans ménagement. Il y a donc Magdalena, qui va sur ses quinze ans mais qui n’aura pas droit à une robe neuve et à la fameuse limousine de location, faute de moyens. Il y a son copain Herman, sympa comme tout, sérieux dans ses études et qui rêve de voyager à l’étranger. Il y a le grand oncle Tomas, vieux sage tolérant et respectueux, toujours prêt à aider son prochain dans la détresse. Et il y a les nouveaux voisins de Tomas, un couple homo qui investit dans l’immobilier.
Très vite, les masques tombent. Magdalena est enceinte, et Herman n’assume pas, d’autant que l’acte n’a pas été consommé. Carlos se fait draguer par le couple homo qui va bientôt se jouer de lui. Quand Magdalena, chassée par son père, vient trouver refuge chez le vieux Tomas, Carlos finit par lui venir en aide, deux parias qui unissent leurs forces dans l’adversité. Ce qui n’empêche pas l’humour, comme quand le père de Magdalena, catholique convaincu, affirme qu’une vierge ne peut pas être enceinte, tandis que le vieux Tomas regarde pensivement sa médaille de Marie.
Tourné dans leur quartier avec leurs voisins et une poignée d’acteurs débutants, le film de Glatzer et de Westmoreland se révèle étonnament fin dans sa description des rapports familiaux, amoureux, et pour tout dire, de classe. Entre une quiceanera de riches, au début du film, et celle de Magdalena, entre le couple de nouveaux arrivants et le jeune latino laveur de voitures qui découvre le sexe, entre les propriétaires et les locataires, c’est bien ce fossé que montrent les réalisateurs, qui forment d’ailleurs eux-mêmes un couple gay. Tout change dans Echo Park, où l’immobilier flambe et où il ne fait pas bon être pauvre. Mais tout espoir n’est pas perdu, tant qu’il y a de l’amour à donner et à recevoir, comme les réalisateurs en ont pour leurs personnages.