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Solo

Desservi par un scénario trop léger et un acteur principal sans charisme, ce Solo est plutôt décevant, même si certaines scènes sont visuellement très belles. Pour le reste, trop de war et pas assez de stars.

Emballé par le premier volet du spin-off, Rogue One, mais déçu par Les Derniers Jedi sorti il y a cinq mois, on allait volontiers voir ce Solo plutôt prometteur. D’autant que le personnage incarné par Harrison Ford était de loin le plus riche de la trilogie originelle, à tel point que son sacrifice, à la fin du Réveil de la Force, avait été un crève-cœur (et un suicide scénaristique).

Mais n’est pas Harrison Ford qui veut. Et en tout cas pas Alden Ehrenreich, qui a toutes les peines du monde à exister, à tel point que ce brave Chewbacca semble sans arrêt se demander qui est ce type et ce qu’il fait là. Solo n’est pas complètement raté, mais manque d’inventivité, de poésie, et son humour tombe à plat.

Dommage, car certaines scènes sont visuellement très belles, comme la rencontre entre Solo et la peluche géante qui va devenir son copilote, dans un passage qui fait penser au Spartacus de Kubrick : plutôt que de s’entretuer, si les opprimés unissaient leurs forces contre leurs oppresseurs, ces derniers n’auraient plus qu’à plier bagage vite fait. Le combat autour du train évoque le Transperceneige, et les scènes de guerre d’infanterie dans les tranchées citent ouvertement un autre Kubrick, Les sentiers de la gloire.

Solo lorgne aussi ouvertement du côté du western, avec une scène apaisée autour d’un bivouac au crépuscule et un face-à-face la main sur la crosse du pistolet, prêt à dégainer. On pense enfin à Kill Bill dans un combat à l’arme blanche.


 

Bref, le film de Ron Howard cite nombre d’œuvres qui ont alimenté la culture pop, mais ce n’est pas suffisant pour en faire une histoire qui tienne la route. La quête du coaxium, une sorte de compromis entre l’uranium enrichi et la nitroglcéryne, emmènera les personnages sur une planète transformée en exploitation minière et croiseront sur la route du retour une bébête tout droit sortie de Vingt mille lieux sous les mers. Bref, on s’amuse comme on peut.

Heureusement, j’avais choisi comme salle de projection la plus grande d’Europe, celle du Grand Rex à Paris. Sous un magnifique plafond en forme de ciel étoilé parfaitement raccord avec le film, et en dépit de décors latéraux kitschissimes (sensés représenter la Méditerranée, ou du moins la représentation que s’en faisait un décorateur parisien en 1932), l’immense écran de 300 mètres carrés se déroulant lentement devant le deuxième balcon fait son effet. A l’époque du visionnage de vidéos Youtube sur un écran de smartphone de cinq pouces, c’est une sensation étonnante.

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