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Star Wars 8, les derniers Jedi

Ne cherchez pas à être surpris : Star Wars n’est pas fait pour ça. Du moins, pas la série principale, dont le huitième opus reproduit les codes malgré un scénario qui se veut iconoclaste.

Pourquoi aller voir, les années impaires en décembre, la suite de la saga Star Wars en me doutant que j’allais être (encore une fois) déçu ? Sans doute par fidélité à l’enfance, en mémoire à mes onze ans quand j’ai découvert, ébahi, cette histoire parfaitement improbable mélangeant mythes ancestraux, guerres galactiques, films de samouraïs et imagerie western. Depuis, quatre décennies (la moitié d’une vie humaine) ont passé, les milliards de dollars ont enseveli George Lucas et la compagnie Disney a fait main basse sur l’affaire, transformant en plomb tout ce qu’elle touche.

L’an dernier, Rogue One avait apporté de la fraîcheur, du culot et de l’originalité à la saga, autant de qualités qui manquaient cruellement au Réveil de la force sorti en 2015. Malgré le changement de réalisateur (Brian Johnson à la place de JJ Abrams, qui reprendra le flambeau pour le 9e épisode annoncé pour 2019), Les derniers Jedi sont aussi essoufflés et au bout du rouleau que Mark Hamill, dont les traits empâtés évoquent plus Pierre Bachelet que Luke Skywalker. Le retour du trio initial Ford-Fisher-Hamill est l’exemple même de la fausse bonne idée, d’autant plus que les scénaristes avaient décidé d’éliminer Han Solo dès l’épisode 7, soit le premier de la nouvelle trilogie. Pas de chance, c’était de très loin le personnage le plus intéressant des trois, interprété par le seul vrai acteur du lot.

Deux milliards de dollars et un sabre laser

Tout n’est certes pas à jeter dans cet épisode 8, qui s’acharne à faire du passé table rase tout en se gardant bien de mettre un petit orteil au-delà des clous. Graphiquement, certaines scènes sont très réussies (pas forcément les plus spectaculaires, d’ailleurs), et la gamme chromatique blanc-rouge-noir particulièrement belle. La jeune génération d’acteurs s’en sort plutôt pas mal, et les seconds rôles de luxe (Benicio del Toro, Laura Dern) montrent ce que sont de grands comédiens. Quant aux nouvelles peluches, elles sont très mignonnes elles aussi.

Pour le reste, on ne plaisante pas avec un film qui fait deux milliards de dollars de recettes dans le monde entier. La logique du tiroir-caisse adaptée au sabre-laser donne ainsi une scène parfaitement absurde en début de film, quand Luke jette négligemment par dessus son épaule le sabre laser que lui rapporte la jeune Rey. Mais bien sûr, l’arme n’est pas tombée à l’eau et sera récupérée par la suite. Pas touche aux produits dérivés !

En attendant Solo

On ne dévoilera rien d’autre du contenu du film, les scènes de combat spatial n’apportant strictement rien de nouveau et certains moments (notamment le texte du générique de début, que l’on dirait écrit par un enfant de cinq ans) étant même gênants de niaiserie. Pourquoi dépenser autant d’argent pour un résultat pareil ? Parce que ça rapporte encore plus (dix fois, pour Le Réveil de la force), pardi.

Autant dire qu’il faut faire son deuil de quelque chose d’original pour cette trilogie, en espérant que la suivante (car il y en aura une quatrième, après l’épisode 9) larguera pour de bon les amarres avec les figures imposées. En attendant, on ira voir avec plaisir le deuxième volet des Star Wars Stories, celui consacré à Solo, qui sortira fin mai 2018.