Rien n’est plus compliqué que de faire de bons films avec des enfants, les premiers Harry Potter le prouvant par l’absurde. On se souvient de l’excellent Un monde parfait, où le jeune T.J. Lowther crevait l’écran par sa sobriété et sa justesse. Dans Super 8, Joel Courtney et Elle Fanning réussissent le tour de force d’être crédibles en ados de 1979, une époque dépourvue de smartphones et de SMS, heureux temps.
J.J. Abrams, produit par Spielberg, n’a évidemment rien inventé, mais après tout ce n’est pas ce qu’on lui demande. Il reconstitue avec soin une Amérique nostalgique, celle de son adolescence puisqu’il est né en 1966 (comme d’autres). En 1979, au moment de l’accident nucléaire de Three Miles Island (évoqué en fond sonore au début du film), il avait donc l’âge de son personnage principal, dont la mère vient de mourir dans un terrible accident de travail.
Trois mois plus tard, le jeune Joe Lamb et sa bande de copains se lancent dans la réalisation d’un court métrage avec une caméra Super 8, un film de vampires dont l’objectif premier, pour le réalisateur grassouillet, est de conquérir la craquante Alice. Laquelle, on s’en doute, en pince plutôt pour Joe.
Le premier quart d’heure du film nous offre une incroyable scène d’accident de train, la plus spectaculaire de l’histoire du cinéma sans doute, tellement excessive dans son déroulement et ses conséquences qu’on comprend très vite que quelque chose ne va pas. La bande-son, très travaillée sans être envahissante, fait monter la pression, Abrams jouant parfaitement sur les nerfs du public en ne montrant pas ce qui terrorise tant les gamins. Il a bien retenu la leçon de tonton Ridley Scott dans Alien, si on excepte le dernier quart d’heure, le moins réussi. Mais on lui pardonne.
Super 8 emprunte ainsi bien entendu à Rencontres du troisième type, E.T., Gremlins, mais aussi à Alien (pour le monstre) et, plus marginalement, à King Kong. On pourrait ainsi multiplier les références, mais ça ne sera pas nécessaire : Super 8 existe par lui-même avec ses défauts et ses qualités, la moindre d’entre elles n’étant pas le plaisir qu’on prend à le voir.