Une chanson douce que me chantait ma maman... énergies - dix-sept janvier deux mille huit

, par Bruno

Prenez deux cents enfants de maternelle et de primaire, demandez à leurs parents d’offrir des chansons de leur enfance et formez une chorale : c’est le très beau projet mis en oeuvre à Notre-Dame par François Le Gall et les deux écoles du quartier.

Comment obtenir le silence dans une salle polyvalente d’école maternelle archi-comble, enfants d’un côté, parents de l’autre ? Un petit roulement de percussion montant crescendo fait très bien l’affaire. Une fois le calme revenu, François Le Gall, intervenant musique aux écoles Elsa-Triolet et Château-Pitty, lance le mouvement. Près de deux cents enfants vêtus de rouge (Noël est dans moins de quatre jours) reprennent en choeur J’aime la mousse, Une chanson douce, La chanson du prisonnier (en corse), Felicita (en italien) ou encore Spavaj (en serbo-croate). Des parents accompagnent les petits choristes à la guitare ou au violon.

Il est là, le secret tout simple de l’initiative J’enchante mon quartier : associer enseignants, élèves et parents dans un projet commun. « On s’appuie sur les compétences des parents, explique François Le Gall, on leur demande d’apporter quelque chose de chez eux, de leur histoire familiale, qui va devenir un patrimoine commun. Ces chansons sont pleines de magie, de trésors. J’ai même découvert qu’une maman avait écrit une chanson pour le premier jour d’école de sa fille. Moi qui suis musicien, je n’avais jamais pensé à ça ! »

Depuis septembre 2007, François intervient dans les deux écoles tous les vendredis, en alternant initiation aux instruments (certains sont fabriqués par les élèves eux-mêmes, comme les kazous) et chorale. Et si au début, l’idée a semblé farfelue, très vite des chansons sont arrivées, près d’une centaine dans une dizaine de langues différentes. « Ce projet est un moyen de recréer du lien entre les parents et l’école, » explique Mme Daydé, directrice de l’école primaire Château-Pitty. « Les enfants ont un regard valorisant sur leurs parents, » ajoute Mme Rochier, directrice de la maternelle.

La maman de Jason, 3 ans, apprécie l’initiative : « Ça les ouvre à la musique, ça les éveille dès le plus jeune âge. » Son grand-père précise : « Pour Noël, ils ont eu un livre-disque avec des chansons, c’est une bonne idée. » La maman d’Arnaud ajoute : « mon enfant aime beaucoup la musique, il manipule les instruments, il participe. » Sa grand-mère, d’origine corse, a reconnu la chanson du prisonnier, et confie : « c’est la première fois que je vois ça, c’est très original, pour eux, c’est une ouverture sur le monde. »

Jocelyne, pour sa part, a accompagné les choristes. « Quand j’ai dit à Jean-François que je jouais du violon, il m’a demandé de participer. Pour un projet mis en place depuis trois mois, c’est un beau résultat. » Lisa, élève à Château-Pitty, nous confie : « Mon petit frère est en maternelle, je lui apprend nos chansons. Les plus difficiles, on les a dans notre cahier. » Après nous avoir expliqué comment fabriquer soi-même un kazou, Dylan avoue : « Les parents sont venus nous écouter chanter. Ils étaient plus impressionnés que nous. »