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La planète des singes, les origines

Quarante-trois ans après le classique de Franklin Schaffner, Ruppert Wyatt nous raconte dans quelles circonstances les singes ont quitté leur condition animale et ont pris le dessus sur l’espèce humaine. Un film plutôt réussi qui utilise à bon escient les effets spéciaux.

Ce qui appartient à César

Le roman de Pierre Boulle a désormais 48 ans, mais il inspire toujours autant les cinéastes. Après Franklin J. Schaffner en 1968, trois suites au début des années 70 et la tentative plutôt ratée de Tim Burton en 2001, c’est Ruppert Wyatt qui s’y colle. Et le résultat est plutôt concluant.
A l’instar de La conquête de la planète des singes (1972), l’histoire se passe avant le film de Schaffner et relate l’événement qui émancipe les singes de la tutelle humaine. Dans Les origines, il s’agit de la recherche en neurobiologie, et la découverte d’un traitement apparemment efficace contre la maladie d’Alzheimer. Espoir de guérison d’une population vieillissante pour les scientifiques, rêve de profits mirobolants pour les actionnaires de la société pharmaceutique. Pas de doute, nous sommes bien au XXIème siècle.

Pour tester le produit miracle, des chimpanzés servent de cobaye. Jusqu’à ce que les résultats dépassent toutes les espérances : non seulement les symptômes de l’Alzheimer disparaissent, mais l’intelligence des primates s’en trouve décuplée. Le découvreur, Will Rodman, décide alors de passer la vitesse supérieure et de tester le produit sur son propre père, atteint de la maladie d’Alzheimer.

Réalisé selon la technique de performance capture de Weta Digital (déjà utilisée dans Avatar), le film est bien meilleur dans les scènes avec César, le chimpanzé qui va sonner la révolte, que celles où il n’y a que les humains : James Franco est transparent, Freida Pinto ne sert à rien et Tom Felton (Drago Malefoy) ne change jamais de registre. La performance d’Andy Serkis (qui prête sa gestuelle et ses expressions à César) est en revanche remarquable.

Tout n’est pas parfait, bien entendu, le scénario a des moments de faiblesse, mais l’ensemble se laisse voir. Les scènes d’action, peu nombreuses, ne sont pas assommantes, elles sont même filmées avec une fluidité qui met en valeur l’impression de vitesse, de puissance et de dextérité des chimpanzés dès lors qu’ils ne sont plus en cage.

Les clins d’œil au film de Schaffner sont nombreux et bienvenus : César construisant une statue de la Liberté en puzzle 3D, le même se faisant arroser par son geôlier avec un jet sous pression, ou apparaissant dans la brume du Golden Gate Bridge à cheval. L’idée aussi de séparer d’un côté la grande ville américaine (en l’occurrence San Francisco) et de l’autre un parc de séquoias géants dans lequel se réfugient les singes en fuite fonctionne bien, le Golden Gate Bridge reliant les deux servant de scène d’action principale.

Vu le succès public de cet épisode, il semble probable qu’une suite viendra, la fin du film ouvrant aussi une piste expliquant l’effondrement de l’espèce humaine. Une piste aéroportuaire qui rappelle curieusement... l’Armée des douze singes, de Terry Gilliam.