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Le bel avenir des logiciels libres inédit - vingt-huit janvier deux mille cinq

, par Bruno

Des pays comme le Vénézuéla, la Chine, l’Allemagne ou le Vietnam commencent à les utiliser massivement pour leurs administrations. Les particuliers sont chaque jour plus nombreux à les télécharger. Parallèlement à l’extension du réseau Internet, la diffusion de ces outils ouverts et coopératifs commence à faire de l’ombre à ceux qui se sont taillé un quasi-monopole privé. Dans le cadre du cycle Sciences & Idées, La Médiathèque de Gardanne a invité le 25 janvier dernier un dirigeant d’entreprise, Pierre Guiraud (directeur de la société Contingences) et un militant associatif, Rosaire Amore (vice-président de l’AFUL). Ce dernier faisait le parallèle avec les mathématiques : « Il y a 25 siècles, Pythagore interdisait à ses disciples de diffuser les connaissances, comme le font les logiciels propriétaires aujourd’hui. L’essor des mathématiques n’est venu que plus tard, quand les savoirs ont été partagés et transmis de façon ouverte, comme les logiciels libres. » Ces derniers ont en effet la particularité de mettre à disposition des utilisateurs leur code source, permettant des améliorations successives profitant à tous. « L’amélioration se fait pour répondre à la demande des utilisateurs, pas selon les caprices des éditeurs », souligne Pierre Guiraud.

Les sceptiques se demandent toutefois comment sont rémunérés ceux qui développent de tels logiciels, puisque leur diffusion est généralement gratuite (ou à un faible coût). ‘« Ce qui est payé, c’est le développement initial. Ensuite, il circule gratuitement. Que retire une entreprise qui développe du libre ? Surtout de la notoriété, une reconnaissance de sa compétence. Et bien sûr, des prestations de service. Une entreprise qui met à disposition son produit récupère en retour une expertise à coût zéro. Elle y gagne au final. »

Car ce que le libre remet en cause, c’est bien l’entrave à la circulation des connaissances et de la recherche, la supériorité évidente de la coopération sur la concurrence. « Les grosses entreprises de logiciels sont en guerre ouverte contre le libre, souligne Rosaire Amore. Elles le font en brevetant tout ce qu’elles peuvent, comme l’a fait par exemple Microsoft avec le double-clic. ». Une démarche qui ressemble furieusement aux brevets sur le vivant et sur les médicaments. Il reste aussi à faire pression sur les politiques pour qu’ils défendent ce modèle alternatif. C’est possible en remplaçant les logiciels propriétaires par leurs équivalents en libre, comme par exemple la suite bureautique OpenOffice, ou Koha (gestion des bibliothèques). Le cas de la ville de Munich, qui a fait passer ses 14000 ordinateurs sous Linux, est éclairant. « Il serait logique que les collectivités locales proposent des formations aux libres pour le grand public », suggère Pierre Guiraud.

Enfin, sur la question - inévitable - du piratage, Rosaire Amore précise que l’AFUL le condamne fermement. « Mais encore faudrait-il s’entendre sur ce que veut dire piratage : le fait de télécharger un morceau de musique en mp3 est considéré dans les medias et en général comme piratage alors qu’il s’agit sur le plan juridique tout au plus de copie illégale. Microsoft dit dans sa licence que l’utilisateur accepte que des données sur son propre ordinateur soient copiées, rediffusées ou modifiées : est-ce une action de piratage ? Il est évident que devant ce déséquilibre, il va falloir trouver de nouvelles règles législatives (et médiatiques), plus équilibrées. »
Les pirates ne sont pas toujours ceux qu’on croit.