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Les sixties sont là !

Barack Obama sera le premier métis président des Etats-Unis en janvier prochain, mais c’est aussi le premier chef d’Etat occidental né dans les années soixante. La génération des sixties fera-t-elle mieux que les précédentes ?

Il est né le 4 août 1961, huit jours avant la construction du mur de Berlin. 47 ans et trois mois plus tard, il remporte l’élection présidentielle états-unienne. Barack Obama est ainsi le premier président américain né dans les années soixante. Avant lui, deux présidents américains seulement étaient nés après-guerre, George W. Bush (le juillet 1946) et Bill Clinton (le 19 août de la même année). En Europe, Obama est plus jeune que Nicolas Sarkozy (né en 1955), Angela Merkel (1954) ou Gordon Brown (né en 1951). Dans les principaux pays de l’Union européenne, seul José Luis Zapatero, premier ministre espagnol, né en août 1960, se rapproche d’Obama. Mais le président russe Dmitri Medvedev, né le 14 septembre 1965, est plus jeune que lui.

Autrement dit, on y est. La génération née dans les années soixante n’a pas connu la deuxième guerre mondiale, le Vietnam et juste la fin de la guerre froide. L’Histoire, pour eux, commence en novembre 1989 avec la chute du mur de Berlin : Obama a alors 28 ans, Zapatero 29 ans et Medvedev tout juste 24 ans. Ce premier séisme est suivi immédiatement par la guerre du Golfe (mars 1991), la fin de l’Union soviétique (décembre 1991) et bien sûr, les attentats du 11 septembre 2001 et la pseudo-guerre contre le terrorisme lancée contre l’Afghanistan puis l’Irak.

Que va-t-il sortir de cette nouvelle génération ? Si Dmitri Medvedev semble très loin de la carrure d’un Gorbatchev, d’autant que Poutine manœuvre pour reprendre la présidence russe dès l’an prochain, Zapatero en Espagne et Obama aux Etats-Unis sont des dirigeants politiques très prometteurs, issus l’un comme l’autre d’un rejet de la politique réactionnaire et belliqueuse de la droite nationaliste, Aznar d’un côté, Bush de l’autre.

En France, il se dit déjà que Sarkozy envisage de construire sa campagne présidentielle de 2012 de la même manière que celle d’Obama. C’est faire abstraction du fait qu’en 2012, s’il arrive jusque-là, le président français sera plus dans la situation de Bush que celle du sénateur de l’Illinois : pays en quasi-faillite, popularité au plus bas et incarnation d’une politique répressive et ultralibérale dont on peut espérer qu’elle sera complètement dépassée. Peut-être se fera-t-il battre non pas par quelqu’un de la génération des années soixante, mais plutôt des années soixiante-dix, comme par exemple Olivier Besancenot (né en 1974), Clémentine Autain (née en 1973) ou Delphine Batho (1973), voire Rama Yade (1976).

De façon plus anecdotique, et pour conclure, me voici rejoint par des chefs d’Etat qui sont à peine plus âgés que moi. Comme disait un jour un ami (né en 1965), « ce n’est pas moi qui vieillit, c’est le monde qui rajeunit ». Pourquoi pas, après tout ?