Merci pour ce petit bébé à qui vous avez donné de voir le jour, en ce vingt-et-unième siècle qui commence.

Si parfois la folie du monde nous fait douter du sens de la vie et nous amène à vouloir baisser les bras, il suffit d’une naissance, d’une présence en plus, de la transformation d’un amour en projet, d’un projet en embryon, d’un embryon en fœtus et d’un fœtus en bébé pour que tout recommence, tout reparte à zéro.

Cette petite fille qui vient nous réchauffer le cœur ne connaît rien encore de la beauté et de la violence du monde, elle est là tout simplement, comme une évidence qui contient toutes les questions et toutes les réponses.

Chaque naissance est un acte de foi en l’avenir, un geste d’espérance, et c’est justement parce que je ne suis pas croyant que chaque nouveau-né qui nous fait l’honneur de venir parmi nous me donne envie d’améliorer ce monde, de le transformer pour que chacun considère l’autre comme son bien le plus précieux.

De la même façon qu’un bébé ne peut grandir et s’épanouir que s’il se sent en sécurité, entouré par des adultes qui l’aiment et qui lui font confiance, le monde ne grandira que lorsqu’il aura oublié la peur et la haine, que lorsqu’il mettra son imagination, son talent et sa force au service de la création plutôt qu’au service de la folie meurtrière.

Un auteur, Thierry Gaudin, a écrit un livre de prospective (2100, récit du prochain siècle) dans lequel il imagine un siècle guidé par les valeurs féminines : la créativité plutôt que la puissance, la solidarité plutôt que le pouvoir, l’intériorité plutôt que l’exhibitionnisme, la douceur plutôt que la violence. Il appliquait même sa théorie à l’architecture, en disant que le 21ème siècle verrait des bâtiments aux formes rondes, douces, remplacer les bunkers et les tours du 20ème siècle. Les tours du 20ème siècle, comme celles qui se sont effondrées mardi.

Dans ce siècle-là, il est certain que les femmes auront un rôle décisif à jouer. C’est pourquoi la naissance d’une fille, en 2001, est un événement riche de promesses.