Wallace et Gromit - Le mystère du lapin-garou

inédit - huit octobre deux mille cinq

UNE GROSSE PELUCHE DANS LA PLASTICINE

Ils sont bien là, ils sont de retour : à ma droite l’amateur de crackers et de fromage, à ma gauche le chien tricoteur et stoïque. On les avait laissés au sortir d’une aventure pleine de moutons (Rasé de près, 1995), et ils nous avaient manqués dans l’impeccable Chicken run (2000) ou des poules prisonnières leur avait provisoirement volé la vedette. Wallace et Gromit n’ont pas changé, ils peuplent toujours leur home sweet home de gadgets improbables au fonctionnement aléatoire. Simplement, ils ont diversifié leur activité et se livrent désormais à la chasse au lapin. Leur travail consiste à débarasser les potagers de ce redoutable prédateur de carottes, courgettes et autres aubergines, d’autant que se prépare le concours annuel du plus gros légume.

La très grande qualité du travail de Nick Park et du studio Aardman, c’est le soin apporté à la mise en scène et au bruitage. Les personnages, créés en plasticine, et les décors ont beau être minuscules, ils dégagent un réalisme et une justesse étonnants. Ce qui n’empêche nullement les loufoqueries et le goût du nonsense qui peuplaient les cartoons de Tex Avery, auquel on ne peut pas s’empêcher de penser quand les lapins se multiplient dans chaque recoin de la maison.

Ce sont d’ailleurs les animaux, lapins et Gromit, qui sont le plus réussis, comme l’étaient les moutons et le chien-robot dans Rasé de près ou le redoutable pingoin d’Un mauvais pantalon. Parfaitement muet, d’un flegme tout britannique, Gromit laisse entrevoir une palette d’émotions bien plus riche que les humains, que ce soit Wallace (très mal doublé en version française), Lady Tottington ou le chasseur Victor.

Quant au lapin-garou du titre, il ne ressemble à rien. Mi-mutant, mi-peluche, il surgit dans les scènes comme un chien dans un jeu de quilles, occupe toute la place et détone dans le monde minutieux et précis de Wallace et Gromit. Malgré quelques références cinéphiliques (King Kong, notamment), le film s’étire en longueur et perd un peu de ce qui fait son charme. Pas sûr qu’on y ait beaucoup gagné avec le passage du moyen au long métrage et l’augmentation des moyens techniques.

P.-S.

Film d’animation de Nick Park et Steve Box.