Qui était Desproges, au fond ? Pour tous ceux qui ont moins de quarante ans et qui n’en ont pas de souvenirs (mais les archives de l’INA sont vos amies), il s’agit d’un humoriste du genre (très) caustique, (extrêmement) irrévérencieux et qui maniait l’art de la provocation avec la délicatesse d’un jongleur de bâtons de dynamite. Plus personne ne pourrait aujourd’hui faire des sketchs comme les siens. Tout d’abord parce que personne n’écrit aussi bien que lui, et parce que le politiquement correct est passé par là. Autre époque.
Celle des années 70-80, c’était le temps de la télévision publique, de l’ORTF, des émissions iconoclastes comme Le petit rapporteur (animée par Jacques Martin) ou Le tribunal des flagrants délires (de Claude Villers) à la radio. C’est là que Desproges, qui avait auparavant cumulé des emplois improbables (vendeur de fausses poutres de charpente en polystyrène) et écrit pour quelques journaux (Bonne soirée, L’Aurore...) sort de l’anonymat et commence à être connu.
Au coin du feu avec Le Luron
S’il l’est moins que les deux monstres médiatiques que sont Thierry Le Luron et Coluche, bien meilleurs que lui sur scène ou sur les plateaux, sa réputation s’élargit rapidement. Avec le premier, il fait une tournée en 1977, baptisée Causerie au coin du feu, où il joue le rôle du journaliste complaisant (Delahousse n’a finalement rien inventé) face à un pseudo Giscard plus dingue que nature.