télécharger l'article au format PDF

Johnny est mort

LE BRUIT FOSSILE DU PREMIER AMOUR

On ne choisit pas ses amis. Ils nous sont donnés par les hasards de la vie, une certaine communauté de goût, une sensibilité jumelle« . Ainsi commence Noire sur blanc, la sixième nouvelle du recueil de Silvain Gire. Et on se dit que c’est exactement ça. Ou encore : »Dans la vie, on se comporte facilement comme un touriste à l’étranger. On tire des conclusions hâtives, on généralise à partir de cas singuliers. On a vite fait de croire qu’on a tout compris.“

C’est cette lucidité désabusée, cette humilité devant la vie et ses accidents qui font de Johnny est mort un ensemble homogène et juste. Qu’il s’agisse d’une liaison avec une femme enceinte, d’adultère, de la proximité avec l’enfant d’une autre ou de la relation d’une adolescente avec son père, Silvain Gire déroule la gamme de la recherche d’un amour perdu et que l’on retrouve, parfois, dans l’éclat ardent d’une poignée de secondes. Comme le bruit fossile du premier amour, celui qui est magnifiquement décrit dans la toute dernière (et la meilleure) nouvelle : Tout commence.

Depuis ce recueil, Silvain Gire a tracé son chemin, jusqu’à Arte Radio où il traduit en sons iconoclastes, tendres et blessés ce qu’il avait couché sur le papier. Du coup, on se dit que ce serait bien de les entendre, ces nouvelles. Et pourquoi pas de retrouver ses mots sur la durée plus longue d’un roman ?