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Le conte de Noël d’Auggie Wren

Ecrite pour le New York Times, cette nouvelle a été adaptée au cinéma par Wayne Wang sous le titre de Smoke. Une nouvelle courte et pourtant essentielle, dans laquelle l’auteur s’inclut dans sa propre fiction.

Un trompe-l’œil littéraire

Un peu comme ces façades d’immeuble ornées de trompe l’œil qui nous font voir des fenêtres là où il n’y a qu’un mur, Le conte de Noël d’Auggie Wren est une nouvelle dont le sujet est... la recherche d’une idée de nouvelle. Pour son édition de fin d’année, le New York Times commande un conte de Noël à Paul Auster. Celui-ci, perplexe, part à la recherche d’une idée originale. Il en parle à son vieil ami Auggie Wren, marchand de cigares à Brooklyn [1]. Ce dernier lui propose de lui raconter une histoire qui lui est arrivée un Noël, en échange d’un sandwich. Marché conclu. Il est question d’un voleur à la tire qui perd son portefeuille, d’une vieille femme aveugle et solitaire, d’un échange d’identité le soir du réveillon et d’appareils photo volés.

Cette histoire dans l’histoire est en soi un petit bijou de tendresse et d’humanité. Mais elle est elle-même enchâssée dans un autre récit, celui de la quête de l’histoire. Avec une pirouette narrative étonnante pour conclure : Paul Auster félicite Auggie, lui offre un sandwich comme convenu et s’interroge soudain sur l’authenticité de cette histoire presque trop belle pour être vraie. Et le lecteur de faire de même : le narrateur ne serait-il pas par hasard en train de nous mener en bateau ?

[1Ce personnage a été incarné au cinéma par Harvey Keitel dans le film Smoke, coréalisé par Wayne Wang et Paul Auster.

Dans le film, le conte de Noël proprement dit est escamoté et n’apparaît que dans les toutes dernières minutes.