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Un été indien

FLAMBOYANT SÉPIA

Quand Hugo Pratt le scénariste et Milo Manara le dessinateur unissent leurs talents sur fond d’histoire, ça donne Un été indien, probablement un des sommets de la BD classique. Les premières planches sont muettes et les dernières virent lentement de la couleur au sépia en un prodigieux travelling arrière, du récit finissant à ses sources bibliographiques.

Indiens cultivés et philosophes, pélerins sadiques et pervers, colons écartelés entre esprit de conquête et volonté d’intégration, familles incestueuses et soldats débordés : l’Amérique d’Un été indien n’a pas encore décidé de son destin. Les Blancs sont là, mais ils sont à la merci de raids indiens dévastateurs. Les native american n’ont pas encore reculé mais déjà ils savent que leur âge d’or se termine.

Pratt et Manara feront encore deux albums ensemble : un hommage mexicain à Fellini Voyage à Tulum plutôt décevant, et le récit de l’attaque britannique de Buenos Aires au début du XIXème siècle (El Gaucho). Mais aucun n’égalera la splendeur visuelle et la puissance du récit de cet été indien flamboyant et nostalgique.