En 2008, les éditions Taschen publiaient un gros pavé rouge, The Stanley Kubrick Archives, recueil de documents inédits et de photos de tournage, le tout en anglais. Fin 2016, une édition française est parue dans la collection Bibliotheca Universalis dans un format réduit (14,5 x 20 cm quand même) et à un prix particulièrement abordable (15 euros). C’est de cette édition dont il est question ici.
Avant de devenir l’immense réalisateur que l’on sait, Stanley Kubrick a commencé par être un jeune et talentueux photographe, vite repéré par Look alors qu’il n’avait pas encore 18 ans. On peut voir quelques-uns de ces portraits noir et blanc qui montrent un sens du cadre tout à fait étonnant, assez proche du travail de Robert Capa. Le noir et blanc accompagne d’ailleurs l’œuvre initiale de Kubrick jusqu’à Docteur Folamour en 1964 (hormis Spartacus, tourné en couleurs en 1960).
All work and no play makes Jack a dull boy
L’intérêt des archives repose d’abord dans les documents, photographies de tournage, manuscrits tapés à la machine à écrire (comme le pseudo-roman de Jack Torrance dans Shining et ses pages entières remplies de la même phrase répétée à l’infini) et textes annotés férocement de la main du maître. Attention : compte tenu du format réduit des photos, il faut de très bons yeux pour lire les remarques de Kubrick. Une solution est de les photographier puis de zoomer dans l’image. Ce qui, pour un livre sur un cinéaste, est une démarche somme toute logique.
Certaines photos sont touchantes, comme celle ou Stanley et sa jeune épouse Christiane posent avec leurs trois filles en 1960. D’autres sont graphiquement très belles, comme un plan serré sur les fameuses fiches préparatoires au Napoléon jamais tourné. Ou une photo de la Timberline Lodge pour Shining, avec des indications de cadrage et des consignes tapées sur un système de notes-sparadrap collées sur l’image.