AUX GLIÈRES, LA RÉSISTANCE S’ORGANISE
C’est une imposture comme une autre, comme tant d’autres depuis trois ans : Nicolas Sarkozy sur le plateau des Glières (Haute-Savoie), devenu lieu de pélerinage officiel et annuel comme la roche de Solutré pour Mitterrand. Jamais à la même date, d’ailleurs : le 4 mai 2007, juste avant le second tour de la présidentielle, puis le 18 mars 2008 (après une déroute de la droite aux municipales), puis le 30 avril 2009, avec un dispositif de sécurité maximal, et enfin le 8 avril 2010, pour distiller aux médias que « la récession est terminée » (vous ne le saviez pas ?).
C’est en réaction à cette imposture de trop qu’est née une association, Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, parrainée par Stéphane Hessel, Raymond Aubrac et John Berger, avec des rassemblements citoyens sur le plateau des Glières à chaque printemps depuis 2007. En 2009, ils étaient plus de 4000. Cette année, le rendez-vous est fixé au dimanche 16 mai.
Aux rassemblements se sont ajoutés un film de Gilles Perret, Walter, retour en résistance, sorti en salles en novembre dernier (une souscription est lancée pour le DVD), et un livre, Les jours heureux, le programme du Conseil national de la résistance, sous la coordination de Jean-Luc Porquet (journaliste au Canard Enchaîné [1]) avec des contributions de Martine Orange, Emmanuelle Heidsiek, François Ruffin et Olivier Vallade.
Le livre se compose de trois parties. La première, Les jours heureux, donne le contenu du programme du Conseil national de la Résistance, voté le 15 mars 1944 et publié clandestinement (la France est alors encore occupée, faut-il le rappeler) le 24 mars. Découvrir ce texte est particulièrement éclairant. Non seulement ils organisent, à travers des comités départementaux de la résistance (CDL) la lutte armée et l’insurrection qui facilitera grandement le succès des débarquements de Normandie (6 juin) et de Provence (15 août), mais il pose les jalons d’un programme politique très ambitieux à mettre en œuvre à la Libération : ainsi sont annoncées clairement la nécessité de la liberté de la presse et de son indépendance à l’égard des puissances d’argent (on voit ce qu’il en est aujourd’hui), la nationalisation des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des banques, la sécurité de l’emploi, un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, une retraite pour les vieux travailleurs...
Olivier Vallade commente longuement la genèse de ce texte fondateur sur lequel s’est bâtie la France de l’après-guerre et son fameux modèle social.
La deuxième partie, A bas les jours heureux !, détaille comment le patronat, la droite, mais aussi la gauche de gouvernement ont démonté pièce par pièce ce programme depuis la fin des années soixante, notamment par le biais des privatisations, les attaques sur le financement des retraites, la presse mise sous la coupe des grands groupes industriels ou enconte les services publics démantelés. C’est une partie essentielle car elle permet de mesurer l’amplitude des dégâts et du recul social opéré dans un pays infiniment plus riche que celui, dévasté par quatre ans d’occupation, de 1944.
Pour ne pas désespérer tout à fait, et parce que baisser les bras serait la pire des choses à faire, la troisième partie intitulée Vivent les jours heureux ! raconte comment le mouvement de résistance citoyenne s’est formé spontanément à la suite de la première visite de Nicolas Sarkozy aux Glières. Et, en annexe, sont présentées des associations qui luttent au quotidien dans les domaines du logement, des sans-papier, des services publics, de la santé, de la biodiversité, de l’énergie ou des transports. Et si vous ne savez pas quoi faire le 16 mai...
Raymond Aubrac au Plateau des Glières 17 mai 2009
envoyé par lavaka. - L’info internationale vidéo.