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The Expanse, tome 3 : La porte d’Abaddon

Troisième tome de la saga The Expanse, La porte d’Abaddon s’ouvre sur un au-delà géographique et mental qui rappelle furieusement la conclusion de 2001, l’odyssée de l’espace.

Vers l’infini et au-delà

Si le futur, c’est ça, autant vous le dire, vous allez aimer le présent. Dans leur saga futuriste The Expanse, Daniel Abraham et Ty Franck (réunis sous le pseudo James S.A. Corey) le décrivent comme violent, cupide, manipulateur et animé par l’appât du gain et la conquête du pouvoir. Ça vous rappelle quelque chose ? Sauf que là, tout se passe loin de cette bonne vieille Terre, deux siècles plus tard, et que le contexte est radicalement différent de celui que nous connaissons.

Il est marqué par la pénurie de matières premières et le pillage organisé des ressources de la ceinture d’astéroïdes qui fait office de nouvelle frontière, une sorte d’Amérique du 16e siècle. D’un côté les exploiteurs, des compagnies géantes de la Terre et de Mars, de l’autre les exploités, à savoir les Ceinturiens qui sont nés et ont grandi en faible gravité et qui envisagent sérieusement de se rebeller.

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The Expanse, qui compte en anglais six titres [1] et qui a donné naissance à une série télévisée diffusée en 2015 sur la chaîne Syfy [2] est impossible à raconter tant son intrigue est complexe, pour ne pas dire labyrinthique. Ce qui fait sa valeur et son indéniable richesse, c’est qu’elle brasse et recycle presque tous les genres, du western au récit de guerre en passant par les intrigues de pouvoir et bien sûr le space opera.

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Rossinante et protomolécule

L’inventivité débridée des deux auteurs ne prend heureusement pas le dessus sur les ressorts de l’intrigue. On a beau se retrouver dans l’espace et dans un environnement forcément hostile, avec des armes terrifiantes et une protomolécule hors de contrôle qui menace d’anéantir l’espèce humaine, l’essentiel tourne autour des enjeux de prise ou de conservation du pouvoir, de monopole des richesses et d’accès aux matières premières. Autant de thèmes vieux sinon comme le monde, du moins comme l’humanité. Ce qui n’empêche pas un second degré bienvenu dans tant de noirceur : un des vaisseaux spatiaux s’appelle le Rossinante, comme le cheval de Don Quichotte, une table en vrai bois est considérée comme un trésor, tout comme un café acceptable. Et les spectres sont affublés d’un chapeau mou à la Humphrey Bogart.

L’au-delà ne vous souhaite pas la bienvenue

La porte d’Abaddon est une arche apparue dans l’orbite d’Uranus, construite par une entité extraterrestre. Face à ce qui apparaît autant comme une menace qu’un défi, les humains se sentent obligés d’aller voir ce qu’il y a derrière cette porte. Et, comme toujours, de faire main basse dessus. Mauvaise idée. Car une fois l’arche franchie, les règles de l’espace-temps ne s’appliquent plus, et tout peut arriver... On pense évidemment à la conclusion mystérieuse et philosophique de 2001, l’odyssée de l’espace, le film de Stanley Kubrick adapté en 1968 d’après une nouvelle d’Arthur C. Clarke. Il y a de ça, mais bien d’autres choses encore. Entre les deux, la conquête spatiale s’est accélérée, puis s’est arrêtée, avant peut-être de repartir en direction de Mars prochainement. Et pendant se temps, la Terre se réchauffe.

Voir le site de James S.A. Corey (en anglais)

Voir les bandes annonces des deux premières saisons de la série :


 


 

[1dont trois ont été traduits en France par Actes Sud dans sa collection Exofictions.

[2actuellement en France sur Netflix