POUR LE MEILLEUR ET LES VAMPIRES
Le pelleteur de nuages est de retour. Flanqué de ses acolytes tout droits sortis d’un film de Fellini, Jean-Baptiste Adamsberg se retrouve plongé dans une histoire particulièrement macabre, du genre de celles où l’ADN de la victime est étalé dans toute la pièce, du sol au plafond. Ce n’est pourtant pas ça qui le gêne, le commissaire, mais tous ces mots imprononçables qu’il entend autour de lui lors d’un colloque à Londres sur les politiques européennes de la sécurité. Adamsberg et les langues étrangères, ça fait trois.
Il va bien falloir qu’il sy mette, bon gré mal gré, quand il devra découvrir ce qui se passe dans un village serbe près du Danube, Kiseljevo. Entre-temps, un policier autrichien lui aura décrit dans le détail le résultat d’une boucherie semblable à celui de Garches, probablement l’œuvre d’un zerquetscher. Autrement dit d’un écrabouilleur. Et voilà comment, petit à petit, Adamsberg se met aux langues étrangères, en même temps qu’un ostéopathe surdoué le libère de ses acouphènes après avoir remis en place la mâchoire d’un chaton qui ne voulait plus téter.
Si on ajoute au tableau des chaussures (dix-sept très précisément) retrouvés à l’entrée d’un cimetière londonien, garnies de leurs pieds respectifs et l’histoire d’un homme qui avait mangé une armoire (Danglard, l’érudit de la brigade, invente aussitôt le terme de thékophage), on est bien chez Fred Vargas, là où tout peut arriver, même — et surtout — le plus improbable. Un lieu incertain se lit d’une traite (380 pages tout de même) et avec un grand plaisir, celui sans doute de constater que les petites choses sans importance en ont finalement autant, sinon plus, que les grandes.