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Cher Boro

DANS LE CŒUR BATTANT DE LA RÉSISTANCE

Tout le monde ou presque connait l’histoire de Jean Moulin, héros de la Résistance qu’il était chargé d’unifier à la demande de De Gaulle. Tout le monde a entendu parler de la réunion de Caluire, où il a été arrêté après la trahison de René Hardy. Les livres d’histoire parlent beaucoup moins de l’autre résistance, celle qui s’est développée au cœur du système nazi. L’Orchestre Rouge, aussi appelé Société des amis. Pilotée par des officiers de la Wehrmacht, elle a alimenté les Alliés en informations stratégiques décisives, jusqu’au moment où le réseau a été décapité en août 1942.

Cher Boro nous emmène dans les pas de ceux qui défièrent le monstre de l’intérieur sans espoir d’en sortir vivants. Il nous fait vivre la conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942, où fut abordée la solution finale. Il nous fait découvrir le char Tigre et la préparation des bombes volantes, les V1v et les V2, chargées de détruire Londres, puis New York. Il nous embarque dans la sordide rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942. Et il nous place dans la salle d’attente du docteur Dugoujon, à Caluire, à côté de Jean Moulin le 21 juin 1943...

Pendant ce temps, dans le bunker stratégique d’Oxbridge, Winston Churchill et ses conseillers cherchent à comprendre ce que les Allemands construisent sur les côtes de Normandie et du Pas de Calais. L’issue de la deuxième guerre mondiale est en train de se jouer. Et les photos de Blèmia Borowicz [1] n’en ont que plus de valeur.

Le rythme ne faiblit jamais, la petite histoire se tricote à chaque chapitre avec la grande, et avec le matériau brut et dense fournit par les archives, Dan Franck et Jean Vautrin bâtissent un remarquable roman sur les héros, connus ou pas, de la résistance. On attend bien entendu la suite avec impatience. Et des suites, il y en aura quelques unes : il y a un peu plus de huit ans, Dan Franck nous avait confié [2] que les aventures de Boro iraient au moins jusqu’en 1956, année de la répression soviétique à Budapest. Mais pour ça, il faudrait que les auteurs se dépêchent un peu...

[1dont le personnage est inspiré de Robert Capa 

[2lors du salon du livre antifasciste à Gardanne en 1997