Mutation sur la frontière
Premier film réalisé par l’acteur Kevin Costner en 1990, Danse avec les loups est sorti en France pendant la première guerre du Golfe, en février 1991. L’image qu’il donne de l’armée américaine (commandement insensé, soldats ignares et criminels qui tirent d’abord et discutent ensuite) n’est pas conforme à la majorité des westerns classiques. Rares sont ceux qui ont exploré aussi finement la frontière, celle qui séparait juste après la guerre de Sécession les terres indiennes du Midwest à celles conquises par les Blancs. Danse avec les loups est l’histoire de l’intégration du « civilisé » dans un milieu sauvage, symbolisé par les Sioux mais aussi par le loup Chaussettes, que le lieutenant Dumbar apprendra à connaître sans jamais vraiment l’apprivoiser.
Le passage de cette frontière est illustré par une magnifique scène initiatique : revenu au fort Sedgwick après l’épisode de la chasses des bisons, Dunbar allume un grand feu et danse seul, en tournant sur lui-même et autour du brasier, comme la Terre autour du Soleil. Par cette danse, il se dépouille peu à peu de son identité yankee, ce qui explique le fait que les soldats lui tireront dessus, le prenant pour un Sioux.
En tournant dans la langue d’origine des Sioux, le lakota, Costner réhabilitait pleinement ceux que l’on appelle les native americans. Et si son regard, contemplatif et respectueux, correspond plus à celui des Blancs de la fin du 20ème siècle que celui des pionniers du 19ème, il faut tout de même saluer ce qui restera comme un des plus beaux westerns de l’histoire du cinéma.