Décalogue un

de Krzyzstof Kieslowski (Pologne, 1987).

Ces choses qui nous dépassent

Encore une histoire de lac gelé et d’enfant mort, comme dans De beaux lendemains. Mais Kieslowski n’est pas Egoyan, et la banlieue de Varsovie n’est pas la Nouvelle-Angleterre. Ici, pas de bus jaune et d’avocat en colère. Juste un père, mathématicien, et son fils, un enfant à l’intelligence en éveil qui pose sans arrêt des questions. Avec trois fois rien, Kieslowski construit un drame épuré, à la fois glacial et vibrant d’émotion. Il donne aussi une magnifique leçon de cinéma, dans une scène où l’enfant assiste à un cours de son père : Avec ses mains, ils forme un rectangle qu’il place devant ses yeux pour cadrer le professeur.

Décalogue un est donc le premier volet d’une série de dix téléfilms commandés par la télévision polonaise en 1987. Chacun des dix épisodes est censé illustrer les dix commandements, mais Kieslowski s’est très vite débarassé de la contrainte pour interpréter ces derniers dans un sens très large, quasiment jamais religieux. Décalogue un est le seul où il est question de Dieu - le père est farouchement athée, alors que sa sœur est croyante. Mais sous une forme bien particulière : il s’agit plutôt de l’irrationnel, de la glace d’un lac gelé qui n’aurait jamais dû céder sous le poids d’un enfant.

Aucun autre épisode n’atteindra la densité et la force de celui-là, sauf sans doute Décalogue cinq [1], qui traite de la peine de mort, et Décalogue sept, sur le rapt d’enfant dans le cadre familial.

Notes

[1sorti également en salle dans une version longue intitulée Tu ne tueras point