LA PLANÈTE DES SONGES
Il y a là-dedans des films que l’on a beaucoup aimés : 2001 l’odyssée de l’espace (Kubrick, 1968), Alien (Scott, 1979), La planète des singes (Shaeffner, 1968), l’Empire contre-attaque (Kershner, 1980), l’Homme invisible (Whale, 1933)... D’autres qu’on a vus sans être tout à fait convaincus : E.T. (Spielberg, 1982), Wall-E (Stanton, 2008), King Kong (Jackson, 2005)... Et tous les autres qu’on n’a pas vu et qu’on a désormais envie de découvrir.
Michel Chion est un compositeur, enseignant, historien du cinéma qui a signé certains des plus beaux livres en français sur le septième art. On pense notamment à Un art sonore, le cinéma et à Stanley Kubrick, l’humain ni plus ni moins. La richesse de ses références, les liens qu’il tisse entre cinéma, musique et littérature, sa façon, rare dans ce milieu, de prendre parti rendent ses livres aussi accessibles que vivants.
On apprend ainsi que l’Odyssée d’Homère inaugure un des multiples genres de ce qui deviendra la science-fiction (terme issu de l’anglais puisqu’en français, il faudrait plutôt dire la fiction scientifique), le film de retour de voyage, le nostos (d’où est tiré le mot nostalgie) dont Alien est un exemple récent. Michel Chion décrit aussi « la mort inversée » dans le dernières images de l’Homme invisible, de James Whale, les partis-pris féministes de Ridley Scott dans Alien, le croisement entre merveilleux et science-fiction dans Star Wars (et l’importance du bruitage et de la musique dans cette distinction), l’arrière-plan politique de l’Invasion des profanateurs de sépulture de Don Siegel, ou encore les figures imposées de la SF : la femme portée, les écrans verticaux, les robots mémorialistes, les portes et leurs bruits étranges...
Le seul reproche qu’on pourrait faire aux Films de science-fiction, c’est de survoler trop vite un genre aux multiples facettes. 400 pages pour raconter un siècle de SF, c’est beaucoup trop court, et la qualité de l’analyse de la cinquantaine de films détaillés fait regretter celle des centaines qui ne sont que juste évoqués. Il aurait fallu sans doute mille, voire deux mille pages à Michel Chion pour aller au bout de son analyse, mais le sujet le vaut largement.