Ça ressemble à ces histoires de manuscrits d’inconnus qui arrivent dans la boîte aux lettres d’une maison d’édition et deviennent des livres qui se vendent par dizaines de milliers d’exemplaires. C’est ce qui arrivé à Emma, ingénieure informaticienne et dessinatrice à ses heures perdues jusqu’au jour où, sur son blog Emmaclit.com (lancé en avril 2016), une BD titrée Fallait demander se diffuse comme une traînée de poudre sur le web.
Consacrée à la charge mentale, une notion qu’Emma n’a évidemment pas inventée, mais qu’elle a largement contribuer à rendre populaire au grand public, cette BD a été depuis publiée dans Un autre regard 2 (éditions Massot, novembre 2107). Auparavant, en mai 2017, un premier tome était paru, et il a bénéficié du fulgurant appel d’air de Fallait demander. A tel point qu’Emma a depuis quitté son travail dans l’informatique pour se consacrer à la BD à temps plein. La veinarde.
La charge émotionnelle, qu’elle avait évoqué à la fin de Fallait demander, c’est la cinquième et dernière partie de ce troisième album à qui elle a donné le titre et qui est sorti le 20 septembre. Les autres sont consacrées à la culture du viol, au harcèlement, à la dépendance financière et à l’histoire d’un gardien de la paix à la retraite.
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Le pendant émotionnel de la charge mentale
Si la charge mentale consiste à tout ce que doit penser une femme (avant même de le faire), de la gestion de la maison aux enfants en passant par la prise de rendez-vous et bien sûr son activité professionnelle, la charge émotionnelle touche à tout ce qui à trait au confort émotionnel de l’entourage (enfants, conjoint, parents, collègues de travail). Au détriment, la plupart du temps, de la zone de confort émotionnel de la personne qui porte cette charge, à savoir la femme (mère, fille, conjointe, collègue de travail).
Par conséquence, de même que la charge mentale met une pression incessante sur celles qui, pour peu qu’elles aient des enfants jeunes, ont déjà une double journée de travail, la charge émotionnelle a des répercussions en cascade, dans les rapports sexuels comme dans les relations de travail, entre autres.
Et si on partageait ?
Or, tout comme la charge mentale, explique Emma, la charge émotionnelle pourrait être partagée équitablement entre les femmes et les hommes. Lesquels, en laissant à leur compagne le soin d’exprimer cette attention, s’en nourrissent pour prendre leur place dans le monde extérieur (les relations sociales, le travail) plutôt que de leur renvoyer. Et tout le monde aurait à y gagner.
Je vous recommande aussi le visionnage de la conférence TedX qu’Emma a donné en avril 2018 à Lille. En 17 minutes, elle aborde le thème « Repenser les rapports femmes-hommes » en partant de sa propre expérience de fillette (à qui on demande d’être douce, attentive aux autres et discrète) pour en venir aux conditions de travail fortement dégradées par la mise en concurrence des salariés entre eux au sein de l’entreprise et terminer sur la nécessité de repenser l’éducation des enfants. La voici :